Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a signé, hier soir à Ryadh, le plan élaboré par les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour une sortie de crise yéménite, après dix mois de violence ayant fait entrer le pays dans l'instabilité totale. Alors que les regards sont braqués sur la capitale saoudienne, des combats de faible intensité sont toujours en cours à Sanaa. Les forces fidèles aux hommes du puissant chef tribal Sadek al-Ahmar, rallié à la contestation, font toujours dans la résistance. Ainsi donc, si le probable départ de Saleh se confirme il sera le quatrième chef d'Etat arabe à être emporté par la contestation de la rue depuis le début du printemps arabe il y a près d'un an. Cependant, en vertu de l'accord, il sera le premier président arabe à lâcher le pouvoir après négociation. Le président au cœur de la contestation, qui refuse depuis avril de parapher le plan de sortie de crise proposé par les monarchies arabes du Golfe, semble avoir opté pour une sortie avec des garanties. Le fils et les neveux du président en exercice contrôlant les principaux organes de sécurité. Ce dénouement probable a été permis grâce à des amendements introduits au plan, lors des négociations intensives de l'émissaire de l'ONU à Sanaâ, dont celui stipulant que Saleh demeure président «à titre honorifique» pendant 90 jours. La cérémonie de signature de l'accord à Ryadh réunira les ministres des Affaires étrangères des monarchies du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Koweït, Oman, Bahreïn, Emirats arabes unis, Qatar). Quels sont les termes de l'accord ? Saleh, en échange de l'immunité pour lui-même et sa famille, devrait remettre le pouvoir pour une période intérimaire à son vice-président, Abd Rabbo Mansour Hadi. Ce dernier est considéré comme l'homme du consensus. Mansour Hadi devra procéder à la formation d'un gouvernement d'union avec l'opposition, qui sera chargé de superviser un dialogue national et d'élaborer une nouvelle Constitution. Président à titre honorifique pendant 3 mois, Salah ne pourra pas contester les décisions de son successeur. A l'issue de ce délai, Hadi sera désigné président pour une période intérimaire de deux ans, au terme de laquelle des élections législatives et présidentielle seront organisées. Saleh, à la tête du Yémen depuis 33 ans, avait refusé jusqu'à présent de signer le plan en question, se rétractant toujours à la dernière minute et se jouant, à plusieurs reprises, des pressions régionales et internationales. Le Conseil de sécurité de l'ONU a reporté d'une semaine, jusqu'au 28 novembre, une réunion qu'il devait tenir pour discuter du Yémen. Entretemps Saleh a répondu positivement aux efforts de l'ONU et à la résolution 2014, adoptée le 21 octobre et soutenant le plan du CCG. La révolte populaire et les affrontements entre troupes rivales ont fait des centaines de morts depuis janvier. M.B/agences