Photo : Riad Par Kamel Amghar Les législatives de mai 2012 s'annoncent comme un rendez-vous déterminant pour l'ensemble de la classe politique algérienne. Un test décisif pour l'administration et l'ensemble des acteurs politiques, eu égard à l'actualité brûlante qui secoue la région. Par-dessus tout, l'enjeu premier de ce scrutin, tant attendu, réside incontestablement dans le taux de participation des électeurs au renouvellement de l'assemblée populaire nationale (APN), la chambre basse du Parlement algérien. L'actuelle APN, élue avec seulement 35% de taux de participation, traîne cette carence depuis 2007 comme un boulet au pied. Son manque de légitimité l'a longtemps éloigné des préoccupations populaires. Les partis politiques, au pouvoir ou dans l'opposition, sont appelés à se réformer dans les plus brefs délais pour éviter un second «désaveu» qui leur sera, cette fois-ci, fatal. Le multipartisme traverse une crise profonde en Algérie. Toutes les formations politiques, sans distinction aucune, reconnaissent aujourd'hui cette triste réalité. Faute d'une pratique démocratique saine, tous les partis peinent à mobiliser les citoyens autour de leurs programmes respectifs. Les espoirs suscités en 1989 se sont évaporés. L'opportunisme et le clientélisme ont terrassé toutes les bonnes volontés qui œuvraient, au début des années 1990, à l'instauration d'une véritable démocratie. Tous les militants qui croyaient sincèrement à l'avènement de cette ère nouvelle - où l'éthique et la pédagogie politiques, l'exercice souverain de la citoyenneté, la rigueur intellectuelle et la saine compétition électorale seraient mises sur un piédestal – ont fini par déchanter. L'inamovibilité et l'autoritarisme des chefs de partis qui s'octroient ostensiblement des congrès sur mesure, l'instauration du copinage et de la soumission comme critère dans le choix des responsables, le marchandage des listes de candidature aux élections et les accointances publiquement assumées avec les milieux d'affaires sont autant de travers qui ont discrédité l'action politique.Prenant conscience de cette réalité, la présidence de la République, à travers la commission de consultation présidée par le président du Sénat, a récemment introduit une série de réformes sur la législation électorale, les lois régissant la sphère partisane et la liberté d'expression à travers la libération du champ audiovisuel. Des propositions concrètes ont été faites pour une plus grande implication de la gent féminine et des franges juvéniles largement majoritaires dans la société dans le jeu électoral, plus de transparence dans l'activité des partis et une limitation du phénomène du «nomadisme partisan» qui menace la stabilité des institutions élues. En première lecture à l'APN, ces réformes de la dernière chance ont été «phagocytées» par des députés qui ont pris goût aux largesses de la fonction sans rendre de comptes à personne. De nombreuses personnalités appellent aujourd'hui le premier magistrat du pays à exiger une seconde lecture des amendements proposés afin d'imposer l'assainissement souhaité. Au point où en sont les choses présentement, le citoyen ordinaire semble distant dans l'attente de décisions concrètes qui marqueront une rupture franche avec les pratiques du passé. La rue est également curieuse à propos des idées et des programmes qui lui seront soumis par les nouveaux partis politiques qui s'apprêtent à rentrer en lice pour ce rendez-vous majeur de mai 2012. Visiblement, l'intérêt de l'électorat dépendra de l'aboutissement de tous ces dossiers. Il s'agit en clair de redonner à l'acte politique sa noblesse et son éthique. La classe politique réellement crédible est, pour ainsi dire, sommée de prendre ses responsabilités pour barrer le chemin à l'opportunisme et au clientélisme qui ont toujours prévalus dans le choix des candidatures et des programmes électoraux. Pour gagner les faveurs de la base en dépassant ses déceptions antérieures, il serait judicieux d'organiser des primaires irréprochables afin de présenter des candidats véritables et représentatifs. On doit absolument dépasser les marchandages et les viles manœuvres qui ont vidé les partis de leur raison d'être. Une telle révolution «tranquille» est de nature à produire un effet d'entraïnement dans les milieux associatif et syndical. Force est de constater, en effet, que ce sont les mêmes tares du paysage politique qui ont déteint sur les associations et les syndicats. En faisant le «ménage» en amont, la situation se redressera, presque d'elle-même, en aval. C'est la seule alternative possible pour intéresser le citoyen aux affaires de la cité.