L'enjeu fondamental demeure la qualité de l'Assemblée que les Algériens auront la lourde responsabilité d'élire. Plus de 18 millions d'électeurs algériens reprendront, ce matin, le chemin des urnes, pour élire leurs 389 représentants à la chambre basse du Parlement. Tous les espoirs sont permis, pour que le pays ait enfin une Assemblée nationale répondant aux standards démocratiques. Même si le spectre de l'abstention inquiète les formations et les candidats en lice, il reste que le scrutin d'aujourd'hui pourrait réserver bien des surprises. Au vu d'abord, du déroulement de la campagne électorale et des mots d'ordre défendus, et surtout de la situation qu'ont connu certaines formations politiques. Toutefois, l'enjeu fondamental demeure la qualité de l'Assemblée que les Algériens auront la lourde responsabilité d'élire. Va-t-on enfin en finir avec le «tabou» de «la chambre d'enregistrement», qui, lors des précédentes mandatures, à paralysé le Parlement? Comment des députés sont amenés à voter sans sourciller des projets de lois qui engagent l'avenir de la nation, projets qui seront par la suite retirés sur décision du premier magistrat du pays. Il convient de rappeler que l'un des points noirs des différentes législatures, n'est autre que l'emprise du pouvoir exécutif sur le législatif. Une chose, dira-t-on, somme toute évidente quand on sait que la composante du gouvernement n'est que le reflet de la majorité parlementaire. Ce qui fait que la majorité dispose d'une large marge de manoeuvre pour faire approuver ses propres projets de lois. D'autant plus que le poids de l'opposition est à chaque fois insignifiant. La réflexion du citoyen, l'homme de la rue, est édifiante: «On est passé de l'ère du parti unique, à celle du parti unique à plusieurs partis.» Cette fois, le peuple optera-t-il pour le changement salutaire? Tout dépendra de la prochaine composante de l'Assemblée populaire nationale et surtout de la majorité qui sortira des urnes. Cependant, les 5880 meetings tenus dans les 48 wilayas du pays et organisés par les 24 partis politiques prenant part à la course électorale, ainsi que par les indépendants, selon les dernières estimations du ministère de l'Intérieur, ont-il suffi pour convaincre les électeurs? Ces derniers qui, durant toute la campagne électorale, étaient restés sur leur faim, n'auront une fois à l'intérieur de l'isoloir, que leur conscience et leur conviction pour mettre dans l'enveloppe le bon bulletin. Il est clair que les citoyens ont tourné le dos à la campagne électorale, qui n'a jamais été aussi insipide et morose. Mais, les garanties offertes par les pouvoirs publics quant à la transparence du scrutin, seraient-elles à même d'opérer chez les électeurs indécis un revirement de dernière minute, sachant que la confiscation de la volonté populaire a constitué l'un des facteurs déterminants du comportement de l'électorat. Par ailleurs, certaines sources, affirment que des surprises ne sont pas à écarter et qu'une nouvelle configuration du Parlement, favorisant un nouvel équilibre des forces politiques en présence est envisageable. La participation des partis démocrates, comme le RCD, l'ANR, le MDS et à un degré moindre le Pnsd, le PST et AHD54, pour peu qu'ils obtiennent des sièges, pourrait apporter un plus à l'action parlementaire. L'autre surprise, c'est sans nul doute le score prédit aux islamistes, qui, en raison de la crise qui a ébranlé le mouvement El Islah, d'une part et le feuilleton des listes de candidatures qu'a connu le parti du FLN, fait que tant d'éléments pourraient influer sur l'attitude de l'électorat. Même si d'ores et déjà les «pronostics» se fondent sur une éventuelle reconduction de l'actuelle composante avec quelques «réaménagements» des scores des uns et des autres, il n'en demeure pas moins que les jeux sont loin d'être faits.