Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Le Centre national du registre du commerce (CNRC) a enregistré, ces jours-ci, avec satisfaction le taux d'accroissement d'inscriptions pour l'année en cours, annoncent les services du CNRC. Durant cette période, il a été constaté une hausse de 55,3% (379 181 inscriptions dont 198 039 immatriculations) par rapport à l'année précédente à la même période. En matière d'implantation des entreprises, la wilaya de Tizi Ouzou, avec 55 572 personnes physiques et 4 624 sociétés, arrive derrière Alger, 149 825 personnes physiques (11% du total) et 42 013 personnes morales (33%) ; Oran, 57 501 personnes physiques et 9 735 sociétés ; la wilaya de Sétif, 57 733 personnes physiques et 6 222 sociétés.Mais ces chiffres n'ont aucun lien avec le phénomène du chômage qui s'aggrave et ravage la population, notamment la jeunesse qui constitue près de 75% des chômeurs algériens. Rien à voir avec la problématique dangereuse du commerce informel. Aucune corrélation aussi avec les émeutes et actions extrêmes pour demander un emploi, le paiement d'un salaire, une embauche temporaire… comme si le CNRC évoluait indépendamment des données amères de la société locale ou existait sur une autre planète. Ou que ces phénomènes n'ont pas de rapport avec le commerce informel qui constitue le terreau de la fraude fiscale et de la corruption qui minent les fondements de l'économie et annihilent toute force de développement économique. Exemple : la semaine dernière, des dizaines de chômeurs de la commune de Tadamaït, à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Tizi Ouzou, avaient fermé la très fréquentée RN 12 pour demander de l'emploi. Certains de ces jeunes, de vrais chômeurs, se rabattent sur le commerce informel qui pullule dans nos semblants de villes et nos villages défigurés. La faute incombe-t-elle aux commerçants informels ? Une «grande» opération contre le commerce informel dans la ville de Tizi Ouzou a été menée début du mois de mai dernier par les services de police de la Sûreté de la wilaya de Tizi Ouzou avec l'arrivée du nouveau DG, Moussa Bellabès. Les artères principales et ruelles de la ville de Tizi Ouzou ainsi que les espaces prisés étaient squattés par les commerçants informels dont la présence perturbait la circulation automobile et la mobilité piétonne. Souvent à la limite de la délinquance, et ce, au vu et au su des responsables sécuritaires et de wilaya et de l'administration locale. L'opération a été saluée par la population qui en souffrait quotidiennement. Deux mois environ après le début du démantèlement des marchés informels, une centaine de personnes ont été interpellées et des dizaines de baraques détruites dans le cadre de cette action appelée «opération d'éradication du commerce informel» au centre-ville de Tizi Ouzou. Dans une note, la cellule de communication de la wilaya de Tizi Ouzou indiquait que l'opération de nettoyage des différentes artères de la ville, notamment le boulevard Lamali (l'hôpital), l'axe de la polyclinique de Mdouha, le marché noir de la nouvelle ville de Tizi Ouzou, se poursuivra jusqu'à l'éradication totale de ce phénomène. Dans le sillage de cette opération, plusieurs marchands informels voulaient récupérer leurs espaces ou du moins demander un emploi en organisant des actions de rue et de violence avec les services de sécurité au chef-lieu de wilaya au début du mois d'août dernier. Les jeunes se disent frappés d'injustice après l'interdiction d'écouler leurs marchandises sur les trottoirs et autres espaces publics de Tizi Ouzou. «C'est la faim qui nous pousse à exercer au noir, nous ne sommes pas des milliardaires et nous ne volons pas», justifient-ils. D'ailleurs, à quoi sert ce genre d'opération si elle n'est pas suivie d'un plan de résorption du chômage et de promotion de l'investissement pour la Kabylie ? A quoi sert-il de recenser les miséreux si on ne fait rien pour eux ? Les chiffres relatifs au taux de chômage divergent, suivant les sources, ce qui signifie qu'on cherche à cacher des données, à brouiller la réalité. Mais la réalité est là, la faim est juste derrière.