De notre correspondant à Tlemcen Mohamed Medjahdi Des médecins soulignent que la santé mentale comporte trois dimensions, à savoir la santé mentale positive qui recouvre l'épanouissement personnel, la détresse psychologique réactionnelle qui correspond aux situations éprouvantes et aux difficultés existentielles, et les troubles psychiatriques qui se réfèrent à des classifications renvoyant à des critères, à des actions thérapeutiques ciblées et qui correspondent à des troubles de durée variable plus ou moins sévères et handicapants. A Tlemcen, le champ de la santé mentale est particulièrement étendu. Plus que tout autre domaine de la santé, il recouvre à la fois une dimension individuelle et une dimension sociétale majeure. La maladie mentale, parce qu'elle altère immédiatement le rapport avec l'autre, est source d'exclusion sociale, par l'incapacité de l'individu malade à s'intégrer dans le groupe et par les tabous qu'elle véhicule encore. On y observe, depuis plusieurs années, une prévalence élevée des troubles, par l'impact des conditions socio-économiques, les consommations de drogues, les traumatisés par les actes terroristes lors de la décennie noire, etc. Donc, Tlemcen est considérée comme étant la région la plus touchée par le phénomène des malades mentaux. Des statistiques du secteur de la santé font état de l'existence de 15 000 personnes touchées par cette perte de la raison, et à cause de leur comportement, elles peuvent être dangereuses, soit pour elles-mêmes soit pour autrui. Cette dangerosité peut résulter d'une intoxication à l'alcool ou aux stupéfiants ou d'une déficience mentale, déclarent les spécialistes, soulignant d'autres causes notamment les victimes du terrorisme, de la société … Malgré une prise en charge par l'unique service d'une capacité de 12 lits au niveau du CHU de Tlemcen, qui s'occupe également d'autres malades des wilayas limitrophes (Naama et Sidi Bel Abbès), on constate un déficit en matière d'infrastructures pouvant prendre en charge cette communauté. Les spécialistes réclament la réalisation d'un hôpital spécialisé pour mieux gérer la situation, car ces personnes sont des malades et doivent être traitées comme telles. Dans ce cas, l'hospitalisation est le meilleur moyen de s'assurer que le traitement médical est suivi, et c'est pourquoi le ministre de la Santé a été sollicité pour affecter à cette région la réalisation d'un hôpital. Une telle action mettra fin aux comportements de ces malades, à travers l'ensemble de la wilaya. Ces derniers importunent les citoyens et demeurent un fardeau très lourd pour la société. Atteints de troubles mentaux et psychologiques, ils doivent être pris en charge par des actions de prévention, de diagnostic, de soins de réadaptation et de réinsertion sociale. Car, ces actions s'intègrent dans le schéma général d'organisation du système de santé, en tenant compte des particularités propres à ce secteur, notamment l'exigence de la continuité des soins intra et extra hôpital. Des médecins interrogés à ce sujet précisent que la réduction des affections neuropsychiatriques figure parmi les objectifs de santé publique, car, estime-t-on, la santé mentale occupe une place considérable au sein de notre système de santé, du fait de la fréquence des troubles, mais il y a peu d'équipements et de personnels. Un net accroissement du recours aux soins concernant les troubles mentaux est noté à travers la région de Tlemcen depuis plus de 15 ans. Il peut, en partie, s'expliquer par les phénomènes de souffrance psychique. Mais d'autres facteurs sont à considérer comme le changement des attitudes et des représentations chez les vieux et chez les jeunes particulièrement. Aussi, des médecins qui ont eu affaire à ces malades affirment que les troubles dépressifs entraînent une importante mortalité puisqu'ils sont responsables d'une grande partie des décès annuels par suicide et des centaines tentatives de suicide. Ils sont également à l'origine de handicaps et d'incapacités, entraînant une détérioration de la qualité de la vie du sujet atteint, mais aussi de ses proches. Une politique pour prendre en charge cette communauté en détresse est plus que souhaitable, car bon nombre parmi eux présente un danger et menace à plus d'un titre le citoyen.