Le drapeau palestinien flotte depuis hier, à l'Unesco, à Paris. Un mois après son adhésion à l'organisation onusienne, la Palestine a pu hisser ses couleurs sur une enceinte de l'ONU. Ce lever de drapeau célébrait, ainsi, l'accession des Palestiniens au statut de membre à part entière de l'Unesco, largement votée le 31 octobre dernier en assemblée générale, en dépit de l'opposition et des menaces des Etats-Unis et d'Israël.Et pour ne pas rater ce moment historique, aussi symbolique soit-il, le président Mahmoud Abbas a fait le déplacement à Paris. «Cette adhésion est une première reconnaissance de la Palestine. C'est émouvant de voir notre drapeau hissé aujourd'hui dans une enceinte de l'ONU», s'est félicité M. Abbas dans son allocution ponctuant cet évènement. Même si politiquement rien n'a avancé pour les Palestiniens, le président Abbas a réaffirmé son intention de poursuivre les démarches de reconnaissance de la Palestine. La demande d'adhésion déposée à l'ONU par M. Abbas en personne à New York, le 23 septembre dernier, est aujourd'hui au point mort. La requête palestinienne n'a pu, pour le moment, réunir que 9 voix sur les 15 nécessaires. Et même s'ils parvenaient à relever ce défi, les Palestiniens savent pertinemment que les Etats-Unis opposeraient leur veto pour empêcher leur reconnaissance en tant qu'Etat. «Nous n'avons pas encore demandé de vote, mais cela peut intervenir d'un moment à l'autre. Si nous n'avons pas de majorité, nous répéterons cette demande encore et encore», a déclaré M. Abbas. Les Palestiniens peuvent, toutefois, recourir au vote de l'Assemblée génale de l'ONU, où ils sont assurés d'obtenir une large majorité.Ce recours ne leur permettra, toutefois, d'obtenir qu'un statut amélioré de «pays non membre observateur» à comparer avec leur statut actuel d'«entité observatrice».Le vote de la fin octobre avait provoqué la colère des Américains qui avaient aussitôt suspendu leur financement pour l'Unesco, privant l'organisation de 22% de son budget, soit un trou de 65 millions de dollars dès 2011, puis de 143 millions de dollars sur les années 2012-2013. Israël a également décidé d'accélérer la colonisation à Al Qods al-Charqia et en Cisjordanie occupée. Tel Aviv a également gelé le transfert de fonds aux autorités de Ramallah avant de lever ce gel. Les sionistes voient évidemment du mauvais œil ce lever des couleurs palestiniennes. «Cette cérémonie de lever du drapeau ne fera en rien avancer la cause de la paix et de la réconciliation», a réagi le porte-parole du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. «Le seul moyen d'y parvenir sont des négociations directes. Israël a proposé, cette semaine, de relancer des pourparlers directs... mais malheureusement, les Palestiniens ont une nouvelle fois refusé», a-t-il dit. Une contrevérité de plus que les Israéliens n'hésitent pas à mettre en exergue sans nulle vergogne. Les Palestiniens avaient conditionné la reprise des pourparlers par l'arrêt immédiat de la colonisation. Une condition qu'Israël n'a jamais voulu satisfaire. Bien au contraire. La judaïsation des terres palestiniennes se poursuit à un rythme effréné. La communauté internationale observe étrangement, à ce sujet, un silence assourdissant. G. H.