La Banque centrale européenne (BCE), qui été créée à la fin des années quatre-vingt dix, n'a pour seul objectif que la lutte contre l'inflation dans la zone euro. Celle-ci doit être autour de 2%. Son indépendance est non seulement inscrite dans ses statuts mais également dans le traité de fonctionnement de l'Union européenne. D'autres dispositions garantissent cette indépendance, telles le maintien d'un budget distinct de celui de l'UE et, surtout, le fait que la BCE n'a pas le droit de prêter aux autorités publiques européennes, que ce soit à l'échelon national ou local. Cette disposition constitue une différence majeure avec les Banques centrales d'autres pays tels le Japon ou les Etats-Unis. Les tâches de la BCE sont quasiment limitées à la politique monétaire. Il n'est presque pas question de stabilité financière.Aussi, la BCE n'a quasiment aucun compte à rendre à des institutions démocratiques. Ses relations avec le Parlement européen, seule instance élue de l'UE, sont très limitées, puisque elle doit seulement lui présenter un rapport annuel et envoyer des représentants dans des commissions du Parlement, à la demande des parlementaires ou de sa propre initiative. La BCE n'a compris que tardivement l'ampleur de la crise financière. Après que la crise eut atteint un pic, à la suite de la faillite de Lehman, la BCE a mis en œuvre un certain nombre de mesures visant à empêcher une correction désordonnée des conditions de la liquidité et du crédit dans la zone euro. En outre, la BCE a mis en place un programme d'achat d'obligations sécurisées, à hauteur de 60 milliards d'euros, dans l'ensemble de la zone euro. En mai 2010, l'accentuation des préoccupations sur les marchés, concernant la soutenabilité des finances publiques, a engendré de graves tensions dans certains compartiments, qui ont entravé le mécanisme de transmission de la politique monétaire. Une fois encore, la BCE a pris des mesures non conventionnelles.Mais face à la profondeur de la crise actuelle en Europe, des tensions entre la France et l'Allemagne sur le rôle de la Banque centrale européenne dans le sauvetage de l'euro sont apparues clairement alors que la crise ne faiblit pas, l'Espagne ayant dû emprunter sur les marchés à des taux d'intérêt supérieurs à ceux de la Grèce.La chancelière allemande, Angela Merkel, avait déclaré que faire de la BCE le créancier en dernier recours des pays de la zone euro «ne marchera en aucun cas, en tout cas pas sur la durée». «Au bout d'un moment, on se rendra compte que ce qui est dans le bilan de la BCE doit être recapitalisé, et on se tournera à nouveau vers les Etats», avait-t-elle prédit à Berlin. La BCE doit s'abstenir d'intervenir massivement dans la crise, avait renchéri le président de la Banque centrale allemande, Jens Weidmann. «Ce serait une faute grave» et cela «minerait encore plus la confiance».Une position opposée à celle de la France, qui avait essayer d'amener Berlin à infléchir sa position en autorisant l'institut monétaire à prêter sans limite aux pays fragiles. «Nous restons sur une difficulté majeure, c'est de convaincre l'Allemagne que nous devons doter la zone euro d'un instrument de défense de notre monnaie qui passe par une certaine évolution du rôle de la Banque centrale», avait reconnu le Premier ministre français François Fillon. La Banque centrale européenne (BCE), inquiète de voir les banques de la zone euro à court de liquidités, a fini par lancer, mercredi dernier, sa première opération de prêt sur trois ans à leur intention. Une manière détournée d'aider les Etats à se refinancer. Pour la BCE, ces prêts à long terme - jusque-là elle accordait des prêts au maximum sur 13 mois, d'un montant illimité et bon marché avec un taux d'intérêt de 1%-, sont destinés à les aider dans un contexte tendu, où les marchés ne leur font pas confiance, afin qu'à leur tour elles prêtent aux entreprises et aux ménages pour soutenir la croissance. B. A.