Photo : Riad Par Faouzia Ababsa C'est devenu à la mode. Les mouvements dits de redressement sont aujourd'hui légion au sein d'une partie de la classe politique dans notre pays. A commencer par l'un des plus vieux partis, le FLN en l'occurrence. Lequel, faut-il le souligner, n'est pas structuré en tant que parti politique au sen d'une seule philosophie ou idéologie, avec un programme clair et des structures organiques disciplinées. Le Front de libération nationale est constitué d'un magma de courants d'opinions et d'idéologies diverses. Où l'on retrouve ceux qu'on appelait communément vers la fin des années 80 les réformistes en allusion aux réformes engagées à l'époque par Mouloud Hamrouche ; les communistes dont des militants du PAGS interdit dans les années 70 et qui ont trouvé refuge au FLN ; les islamistes (ou barbes FLN) et ceux qui défendent l'idéologie de gauche, mais aussi ceux qui se réclament de la sociale-démocratie. Le FLN est donc un front. Mais au fil des années, ce parti s'est transformé en un ring où s'affrontent les cadres. Non pas pour défendre des idées ou des programmes politiques. Mais plutôt pour se frayer une place au soleil. C'est-à-dire s'assurer d'un siège au Parlement, ce qui rend son postulant forcément ministrable. Le dernier congrès de ce parti, qui s'est tenu dans une anarchie quasi-totale, a mis à nu les divergences entres cadres et direction. Les premiers sachant qu'ils ne pouvaient plus compter sur le comité central pour, selon eux, corriger les dérapages, et sachant que par leur «travail de fraction», ils ne sauraient postuler aux prochaines législatives sous la houlette du parti, ont décidé d'en sortir pour créer «un mouvement de redressement». Un redressement qui n'aura pas lieu puisque le comité central, même amputé de certains de ses membres, est resté majoritaire, n'a pas satisfait à leurs revendications. D'aucuns auront noté que les dissidents n'ont à aucun moment posé des problèmes liés à des divergences politiques de fond. Un autre groupe de cadres du FLN décide, lui, de créer un parti. Et là aussi, aucun problème politique de fond n'est présenté comme potentielle raison de dissidence. Mais il n'y a pas que le FLN qui vit ce genre de situation. Les islamistes aussi ont leur lot de dissidents. Le MSP a connu une scission avec le départ de l'un de ses plus influents cadres en la personne de son désormais ex-numéro 2, qui a entraîné avec lui plusieurs parlementaires. Amis d'hier,ennemis d'aujourd'hui Abdelmadjid Menasra et ses collègues ont justifié leur dissidence par «le diktat» exercé par le président du mouvement et ses décisions unilatérales. Mais là aussi, pas de divergences de fond à l'horizon. Surtout lorsque l'on sait que les islamistes, quels que soient les courants auxquels ils appartiennent (salafistes, Frères musulmans), ont une seule et unique doctrine : l'application de la Chariaâ et un programme ultralibéral. Le mouvement Ennahda ou encore El Islah connaissent, eux aussi, des situations de dissidence et de scission. Même le RCD et le FNA n'y échappent pas. D'où la multiplication d'annonces de création de nouveaux partis politiques. Avec comme principal enjeu, les prochaines échéances électorales. Et donc la course aux sièges. Et bienvenue au nomadisme politique à outrance. Un nomadisme que voulait interdire le gouvernement, mais que la majorité parlementaire, le FLN en tête, a légalisé à juste titre puisque c'est lui qui en est le premier bénéficiaire. N'a-t-on pas vu des candidats se présenter sous la bannière d'une formation politique ou en indépendants avant de rejoindre les rangs de l'ex-parti unique une fois élus, défiant ainsi la morale et l'éthique politique. De là, on comprendra que le comportement des uns et des autres est loin d'être motivé par la défense d'un programme politique à présenter aux électeurs qui doivent choisir et faire la décantation. L'on assiste donc au pourrissement et à la décomposition politique qui encourage la corruption, l'achat des voix et des consciences. On ne peut expliquer autrement ces dissidences que par des luttes de chapelles et de leadership. Qui auront pour conséquence la dispersion des voix et certainement l'abstention des électeurs. Lesquels comprendront que la scène nationale s'«enrichit» de nouveaux partis certes, mais avec les mêmes personnes et le même discours. Des personnes qui, pour certaines d'entre elles, ont eu à gérer les affaires du pays en participant au gouvernement. On risque donc d'assister à une véritable atomisation de la scène politique. Ce qui n'augure en rien de perspectives démocratiques et de libertés auxquelles aspire la population.