Des tentatives de redressement et des crises internes aiguës mènent, souvent, à des dissidences en cascade. Les partis algériens se vident, petit à petit, de leurs cadres. Plus aucune formation politique n'échappe à cette situation qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Le camp de l'opposition est le plus touché par ce phénomène politique, difficile à expliquer. Plusieurs cadres choisissent la presse pour « vider leurs sacs » avant de claquer la porte de leurs partis respectifs. Le dernier cas en date est celui du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Ali Brahimi et Tarek Mira, deux députés du RCD à l'APN, ont déclaré, à la fin de la semaine dernière, la guerre à Saïd Sadi en lui reprochant de gérer « d'une manière dictatoriale » les affaires du parti. Le mouvement de dissidence au sein de cette formation a été enclenché par le député Djamel Ferdjallah, considéré jusque-là comme le bras droit de Saïd Sadi. Ce dernier (Djamel Ferdjallah) aurait, selon certains journaux, même annoncé sa volonté de créer « un mouvement de redressement du RCD ». Ainsi, le parti de Saïd Sadi aura perdu, depuis sa création, des dizaines de ses cadres influents. Toujours dans le camp de l'opposition démocratique, le FFS a également connu une hémorragie. Depuis 1997 à ce jour, le plus vieux parti de l'opposition a écarté de ses rangs de nombreuses figures politiques très connues. Ce qui a donné suite à des crises internes ayant secoué le parti à maintes reprises. D'autres personnalités qui ne partagent plus l'orientation politique du FFS ont choisi, tout simplement, de se retirer en douce pour retourner à l'anonymat. Le parti a laissé partir ses ténors et il risque ainsi de s'affaiblir et de se vider de toute sa crème. Par ailleurs, le Parti des travailleurs (PT) a connu, lui aussi, la même situation. Au moins une dizaine de députés du PT ont quitté ce parti, dont certains ont choisi d'émigrer vers d'autres formations. Choquée par ces départs auxquels elle ne s'attendait pas, la patronne du PT, Louisa Hanoune, est montée au créneau pour dénoncer ce qu'elle appelle « le nomadisme politique ». Le Front national algérien (FNA) est en proie à une crise interne plus dure. Son président, Moussa Touati, fait face, depuis plusieurs mois, à une opposition sans précédent. Ses rivaux, en majorité des ex-députés et des députés du parti au Parlement, ont même organisé un congrès extraordinaire, dont le dossier a été rejeté récemment par le ministère de l'intérieur. Mais les redresseurs du FNA ne se découragent pas. Ils veulent recourir à la justice pour défendre leur cause. Les partis dits du pouvoir ou proches de celui-ci, connaissent des dissidences plus spectaculaires. Alors que le FLN est réputé pour être le parti le plus instable de la classe politique nationale, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) est en train, lui aussi, de sombrer dans un conflit interne exceptionnel. Plusieurs dizaines de cadres du MSP, conduits par le principal rival de Bouguerra Soltani,à savoir Abdelmadjid Menasra, ont annoncé la création d'un nouveau mouvement politique. Il s'agit du Mouvement pour la prédication et le changement (MPC) qui tente de faire de l'ombre au MSP. Pourquoi autant de dissidences ? Les partis politiques sont sommés de revoir leurs stratégies, s'ils veulent garder leurs ossatures et s'imposer sur la scène politique nationale.