Depuis trois ans et demi, la croissance des dépenses de consommation américaines a été en moyenne de 0,2% hors inflation, le chiffre le plus faible depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, selon Morgan Stanley.Si la situation tend à s'améliorer sur le front de l'emploi, il en va tout autrement des salaires, ce qui pèse sur les dépenses. Depuis un an, le salaire moyen des ouvriers et employés a subi, selon le Bureau of Labor Statistics, sa plus forte baisse depuis la période de stagflation de 1980.Le pouvoir d'achat est en outre bridé par un endettement privé élevé : la dette des ménages américains mesurée en pourcentage du revenu disponible a certes reflué après un pic à 130% en 2007, mais à 75%, elle reste supérieure à sa moyenne de la période 1970-2000.Stephen Roach, président non-exécutif de Morgan Stanley, s'attend donc à ce que la consommation aux Etats-Unis reste anémique pendant plusieurs années, pesant sur la croissance mondiale, notamment en Asie.«La compression et l'assainissement financier ne faisant que commencer, le consommateur américain devrait conserver son comportement de mort-vivant», résume-t-il.Au troisième trimestre, la consommation des ménages, dont dépend plus de 70% de la croissance américaine, a augmenté de 1,7%, une croissance très inférieure à celle de 3,6% enregistrée en moyenne sur la décennie qui a précédé la récession de 2007-2008.D'autres facteurs tendent à freiner les dépenses des Américains : la Réserve fédérale a fait état, la semaine dernière, d'un début de durcissement des conditions d'octroi de crédit, les mesures de relance gouvernementales touchent à leur fin, et l'incertitude persiste sur certaines allègements fiscaux, censés expirer en février.«L'année à venir est pleine de risques», estime Tom Porcelli, de RBC Capital Markets. «En fait, les fondamentaux de la consommation sont nettement plus détériorés qu'à la même époque l'an dernier.»Si les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis, attendus vendredi, montrent une amélioration marquée du marché du travail, ils pourraient nourrir l'optimisme. Mais les économistes ne prévoient qu'une embellie timide, avec 150 000 créations d'emplois en décembre contre 120 000 le mois précédent. Même si le niveau moyen des créations de postes a pratiquement doublé sur les trois derniers mois par rapport aux trois précédents, il reste loin des 200 000 à 250 000 jugées nécessaires pour assurer la croissance du marché du travail.Autre point noir : les salaires. Le marché s'attend à ce qu'ils aient augmenté de 0,2% en décembre après une baisse en novembre, mais les intentions d'achat ne s'améliorent pas pour autant.L'enquête du Conference Board sur le moral des ménages en décembre montre ainsi, que malgré une amélioration du sentiment général sur la situation économique et financière, les personnes qui envisagent un achat important (voiture ou maison par exemple) prévoient d'acheter d'occasion et non neuf, signe d'une extrême prudence.La légère accélération de la croissance ces derniers mois pourrait assurer aux Etats-Unis une certaine résistance à la récession annoncée de la zone euro, à la baisse des cours de Bourse, à la hausse des coûts du crédit et à l'appréciation du dollar. Mais l'économie américaine, et avec elle l'ensemble de l'économie mondiale, reste vulnérable à d'éventuels chocs au cours de l'année à venir. Reuters