Le gotha international de la finance au chevet de l'économie de la planète. Est-ce le début de la fin? Le capitalisme mondial avec comme chef de file les Etats-Unis d'Amérique, est-il en fin de parcours? Les altermondialistes doivent jubiler. Les nouvelles n'ont cependant pas de quoi réjouir. Ni de quoi pavoiser. Les déclarations de Nouriel Roubini, économiste de son état, revêtent un caractère extrêmement alarmiste. «Il va y avoir une grave récession aux Etats-Unis, un ralentissement dans les pays émergents et un fort ralentissement en Europe», a-t-il déclaré lors de l'incontournable débat d'ouverture du Forum sur l'Etat de l'économie du monde. Une ampleur planétaire de la récession a cependant été écartée. Comment faut-il interpréter ce constat quelque peu tempéré? L'économie américaine a acquis la réputation de locomotive de l'économie mondiale. Et c'est de notoriété publique. Le jugement de Stephen Roach, président de la branche asiatique de la banque américaine Morgan Stanley, est sans appel. «Nous allons entrer dans une période très douloureuse. Lorsque le consommateur américain à des problèmes, cela a des conséquences pour toute l'économie mondiale», a lancé l'expert américain. Les mots sont crus. Sont-ils annonciateurs d'une crise semblable à celle de 1929. Un crash boursier qui a mis à terre l'économie américaine. Ses fâcheuses répercussions au niveau mondial continuent à hanter les esprits. De toutes les façons, en économiste respecté et très écouté, le banquier américain a tiré la sonnette d'alarme. Il s'est montré plus que réservé sur les récentes mesures prises par la réserve fédérale américaine. Le président de la branche asiatique de la banque américaine s'est montré fort critique sur la forte baisse des taux d'intérêt annoncés par la FED. La banque centrale américaine n'a, en fait, que satisfait les marchés financiers, sans apporter une réponse adéquate au problème de fond, a estimé M.Stephen Roach. Il visait la consommation des ménages américains financée par l'emprunt. Mais ce qui fait craindre le pire serait une contamination des pays émergents, tels que le Brésil, la Chine et l'Inde. L'idée d'une éventuelle immunisation de leurs marchés est à écarter. Les répercussions pour les pays mono-exportateurs, tels que l'Algérie, sont imprévisibles. Un ralentissement de la croissance dans des pays comme la Chine et l'Inde auraient une énorme répercussion sur la consommation mondiale en pétrole. Les conséquences sur les marchés pétroliers seraient dramatiques pour l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Les prix du brut sont en train de fondre comme neige au soleil. Il n'y a pas de quoi s'alarmer pour le moment. Il faut, toutefois, reconnaître que le marché mondial est bien sens dessus dessous. Et bien malin celui qui oserait faire un pronostic. De toutes les manières, la crise boursière s'est bel et bien invitée au Forum de Davos. Les quelque 2500 participants présents depuis hier, ne pourront pas l'éviter. Elle sera au coeur des débats. Il y a tout juste une année, c'était un optimisme à tout crin qui était sous les feux de la rampe. Davos 2008 est le rendez-vous de toutes les inquiétudes. Cela poussera sans doute le millier de grosses fortunes à avoir un peu plus les pieds sur terre. La crise des subprimes aux Etats-Unis en a surpris plus d'un. Elle est tombée comme la foudre. Elle a laissé sur le carreau plus d'un citoyen américain de la classe moyenne. Davos est aussi un fief du rendez-vous diplomatique mondial. Une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement y sont attendus. Entre récession de l'économie mondiale et conflits armés, le menu risque d'être bien consistant.