Photo : S. Zoheïr Par Amar Rafa Le président du Mouvement pour la société de la paix (MSP), Bouguerra Soltani, a justifié le retrait de son parti de l'Alliance présidentielle, en affirmant que la décision de «rompre le lien avec le FLN et le RND», ses deux ex-partenaires, est due au fait que ces derniers ont refusé l'alternance à la chefferie du gouvernement. Lors d'une conférence de presse hier, au siège national du parti, qui intervient au lendemain de la session du Conseil national (Majliss Echoura), M. Soltani s'est lancé dans de longues explications pour convaincre le bien-fondé de la décision de quitter l'Alliance et de maintenir les quatre ministres au gouvernement. Pour Bouguerra Soltani, cela s'explique, d'abord, par le blocage de l'Alliance à un niveau horizontal sans pouvoir, en neuf années d'existence, s'étendre verticalement. Puis, par le refus de ses partenaires d'ériger l'Alliance en partenariat politique, ainsi que par le manque de coordination au sein du groupe, notamment au sujet des reformes politiques, comme le recommandent les statuts signés en février 2004. Un manifeste qui porte sur 11 articles, mais qui a été réduit à un seul, à savoir : la mise en œuvre du programme de Bouteflika. Le président du MSP a également reproché au FLN et au RND de s'être accaparé la chefferie du gouvernement, mais aussi d'avoir «adopté une approche partisane ayant induit une baisse du niveau des réformes politiques, par rapport à la volonté politique exprimée lors du discours du président du 15 avril». Le conférencier dira, à ce sujet, n'avoir aucun reproche envers le président de la République, et a nié avoir demandé une seconde lecture des lois votées par le Parlement, mais avoir suggéré de les soumettre à référendum pour impliquer le peuple dans leur mise en œuvre. Il a affirmé que le Majliss Echoura du MSP a décidé ne pas remettre en cause ses engagements envers le président, mais aussi de ne plus assumer l'image négative que renvoyait l'Alliance, notamment la fermeture du jeu politique, devant les autres formations politiques. Le MSP a, par contre, maintenu ses ministres au gouvernement, car «le parti demeure fidèle à son principe d'être toujours partie prenante de la solution», et «qu'il voulait éviter la crise au gouvernement», a argué M. Soltani. En se référant aux articles 77 et 87 de la Constitution, il a souligné la nécessité que le gouvernement soit dénué de toute coloration politique. Et, dans le même ordre d'idées, pour appuyer encore sa demande de départ du gouvernement et de son remplacement par un gouvernement neutre de technocrates, «censé donner des signaux clairs en direction de la société que les prochaines élections seront transparentes». Aussi, pour son président, la décision du MSP ne profite pas seulement au parti, mais «prend en compte les intérêts du pays», puisque, a-t-il dit, «la décision a permis de faire bouger la scène politique et de donner espoir aux autres partis, quant à l'ouverture de la scène politique». Pour autant, «le MSP n'est pas l'ennemi du FLN et du RND, mais tout le monde est en concurrence. Nous exposerons nos marchandises, chacun de son côté, et à celui qui sait le mieux vendre», a indiqué M. Soltani. Et que dorénavant, le débat est ouvert pour contracter des alliances avec tous les courants islamiques, démocratiques ou nationalistes, qui partagent la même vision. Il dira, par contre, que «nul ne peut prédire ses chances lors des prochaines échéances, et que seul le peuple en décidera à travers les urnes».En valorisant les garanties du président de la République, notamment de confier le contrôle des élections à des magistrats, Bouguerra Soltani a rappelé avoir demandé à traduire cette décision politique par des outils juridiques et à accélérer la promulgation de lois sévères contre la fraude. Interrogé sur sa candidature à la présidence de 2014, Bouguerra Soltani n'a pas exclu cette éventualité, en précisant que cette décision relève des institutions du parti. Il a, sur un autre chapitre, affirmé que son parti ne trouve «aucun mal à profiter des leçons des autres, mais refuse de recevoir des orientations», en guise de réponse à M. Ouyahia au sujet des déclarations du Premier ministre turc, Erdogan. «Nous n'avons aucun complexe vis-à-vis de quelqu'un qui aide à élargir le cercle de reconnaissance de notre cause», a indiqué le leader du MSP au sujet du génocide de la France en Algérie. Et d'ajouter que «tout un chacun qui demande à la France de reconnaître ses crimes, de se repentir et de dédommager les Algériens victimes de la colonisation entre dans nos orientations».