Faute de mobiliser les Algériens pour une réelle représentation parlementaire, on mobilise de potentiels candidats à une députation sans le moindre lien avec les préoccupations des citoyens. L'Assemblée populaire nationale (APN) vient de bénéficier d'un bonus de 73 députés. Le nombre des législateurs de la République passera ainsi de 389 à 462 députés, qui seront élus au printemps prochain. Les concepteurs de cette arithmétique parlementaire peuvent expliquer la mesure en recourant à l'argument démographique. En arguant que le nombre d'Algériens a augmenté, ce qui génère naturellement une hausse du nombre de leurs supposés représentants au sein de l'Assemblée. Soit ! Mais cette révision des chiffres pose un sérieux problème. Qui élit vraiment le député ? Et qui représente-t-il une fois considéré élu ? Car, même en intégrant le détail démographique, la mesure peine franchement à se décliner comme un simple réajustement de la représentation du peuple. A l'évidence, plus le nombre de députés est grand, plus ces derniers représenteront un nombre élevé d'Algériens. Cependant, il n'est point nécessaire de rappeler qu'une représentation réelle et juste de la population dans les instances élues n'a jamais figuré dans les objectifs des tenants du pouvoir. En augmentant le nombre de députés pour la mandature 2012-2017, on invite les Algériens à constater qu'ils sont plus nombreux et que, par ricochet, le corps électoral a sensiblement augmenté. L'argumentaire est faible ! Selon la logique sur laquelle se sont appuyés les concepteurs de cette révision, on est amenés à remarquer que le nombre d'Algériens n'a augmenté qu'à l'orée de cette joute électorale. Les précédentes législatures ont été toutes accomplies par 389 députés. Il devient dès lors curieux de voir s'étoffer le nombre de députés de la future législature. Certaines voix, dont celle d'Abdallah Djaballah qui attend toujours son agrément, évoquent d'ores et déjà une volonté d'éparpiller davantage les partis politiques qui se lanceront dans ces législatives. Le propos de Djaballah concerne plus la mouvance islamiste dont une victoire significative mettrait dans la gêne le régime. Cette thèse est d'autant plus recevable. Après tout, il faudrait bien un acte de naissance parlementaire pour la pléthore de formations politiques nées ou celles en cours de constitution. C'est le meilleur moyen de maîtriser la distribution de la rente. En cooptant un Parlement qui s'interdit le rôle de contre-pouvoir et qui oublie sa raison d'être : contrôler les décisions de l'Exécutif. Le BMS est clair : la RN de la rente n'est pas coupée. Les clients peuvent y circuler... A. Y.