De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
La scène culturelle à dimension internationale s'est confirmée ces dernières années à Constantine par des festivals institutionnalisés dont les imposants internationaux Dima jazz, malouf et théâtre Maghrébin. A cela s'ajoutent des activités locales et nationales, pour ne citer que celles-ci, vouées au roman (colloque Malek Haddad et Réda Houhou) et à la poésie en plus de «l'espace du mardi», séance concoctée par la direction de la culture de wilaya, qui, en plus, organise des semaines culturelles dans le cadre des échanges inter wilayas. Ces dernières manifestations viennent s'incruster entre les grands rendez-vous grandioses pour compléter le puzzle de l'animation artistique - culturelle.Constantine ne désemplit point en animation culturelle à longueur d'année, c'est un fait. Mais pas n'importe quel programme qui draine les mélomanes ou les gens lettrés ! Une réalité que nul ne peut récuser sous peine de tomber dans l'autosuffisance «chronique». Du coup, la wilaya qui ambitionnait de réaliser une salle de spectacles de 6 000 places aurait changé d'avis pour revoir sa copie en tenant compte des indicateurs mentionnés. «Je pense que l'espace sera trop grand pour les manifestations organisées dans cette wilaya. Quand bien même les festivals gagneraient en audience, ils ne pourraient pas remplir les 6 000 places», devait commenter un organisateur événementiel. Certains diraient que l'appréciation est pessimiste. D'autres argueraient qu'elle est, au contraire, réaliste et objective. Preuve en est les dernières éditions des festivals tenues dans cette ville, notamment en 2011, où l'on avait comptabilisé beaucoup de places vides au niveau du théâtre de la ville ou au palais Malek Haddad qui accueillaient les manifestations, à l'exception des ouvertures et des clôtures des galas qui font le plein grâce aux invitations et aux délégations officielles. Parce qu'il n'apprécie pas ce qui est proposé ou par indifférence, le public boude l'acte culturel et artistique qui se décline en shows jugés dépassés, remâchés. Le directeur de la culture de wilaya explique cette défection par la diversité des goûts. La baisse d'audience constatée après chaque activité internationale sera endossée par le choix individuel exprimé par la société «Cela n'est pas le propre de Constantine. Il m'est arrivé de voir des salles de spectacles contenant pas plus d'une centaine de personnes ici en Algérie ou à l'étranger où l'acte culturel est une panacée. Une situation qui s'explique par le goût et le penchant individuel pour chaque scène. Ainsi, des variantes sont étalées au large public afin qu'il en extirpe ce qui lui convient le mieux pour sa culture personnelle» dira-t-il. Il n'empêche que ce phénomène lié à l'indifférence doit être débattu en associant plusieurs parties spécialistes dont «les sociologues, les concepteurs de programmes culturels,... et la société civile» pour tenter de redonner aux salles une animation optimale «agrémentée» d'une présence conséquente de spectateurs. C'est là un défi qui doit être relevé par la programmation et la communication. «L'organisme culturel remplit son rôle en matière de communication puisqu'il diffuse à chaque rendez-vous les dépliants nécessaires aux organismes chargés de la transmission de l'information sur tel ou tel évènement. On essaye de répondre à toutes les sollicitations et de varier les thèmes proposés à la consommation artistique ou de distraction», souligne le directeur de la culture. Pour ce faire, les rôles des associations locales dont le nombre n'excède pas une vingtaine auront leur part dans la confection des activités. Une seule condition est posée : le programme proposé devra s'inscrire dans une lignée concordante avec les aspirations de la tutelle locale. Mais sans qu'il y ait des orientations. «On n'a jamais imposé quoi que ce soit à aucune association ou acteur de la scène culturelle. Au contraire, lorsque leur projet culturel est jugé valable, on le propose avec en sus une possibilité d'aide financière», affirme notre même interlocuteur.Pour les prochains mois, les responsables locaux de la culture ont concocté un riche programme qui couvrira la période de mars à juillet, et vise à maintenir la cadence jusqu'à la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. «Il y a certes les élections du 10 mai prochain, mais cette station ne devra pas influer sur le parcours de notre exercice. L'activité culturelle devra suivre son chemin et c'est pareil pour la politique», indique le directeur de la culture qui annoncera que des spectacles sont programmés durant les trois mois à venir au niveau du chef-lieu et des municipalités disposant d'une salle de spectacle. Ainsi, les week-ends des mois prochains seront animés par le chant, avec un pic qui sera avec le concert que donnera Bheidja Rahal qui viendra présenter sa nouvelle nouba à Constantine le 7 mars prochain, comme pour donner le ton à la semaine consacrée à la fête de la femme. Une présence de taille «d'une journée», mais qui est bien remplie.
La cinémathèque sera opérationnelle d'ici le 4 juillet prochain Au grand bonheur des amateurs et clubs rompus au 7ème art, la salle de la cinémathèque devra rouvrir ses portes aux cinéphiles prochainement. Un délai de 4 mois a été accordé à l'entreprise en charge de sa restauration pour terminer les travaux, a indiqué le directeur de la culture. Il aura fallu plus de 15 ans, après l'incendie de mai 1995 dû à court-circuit, pour que les appels d'offres trouvent soumissionnaire. Un retard énorme, au grand dam des cinéphiles qui se rabattaient entre temps sur des avatars de grands écrans qui assuraient des projections, notamment au palais de la culture Malek Haddad.Toujours au chapitre de la restauration, la grande salle El Khalifa a bénéficié d'une opération de réhabilitation et devra être rouverte prochainement pour les grandes manifestations à Constantine, a-t-on appris de même source. Après un premier appel d'offres infructueux, les responsables ont enchaîné avec une seconde proposition qui a permis le démarrage des travaux. Ayant trop servi les rendez-vous politiques, notamment lors des meetings de partis, la salle El Khalifa veut désormais revenir dans le giron de la culture et redevenir une scène culturelle qui vient combler un manque en sièges dans une cité qui en a grand besoin.