Dix années après sa fermeture provoquée par les ravages d'un incendie, l'ancienne cinémathèque Cirta tente de retrouver sa vocation maintenant qu'elle est débarrassée des contraintes d'un éprouvant contentieux juridique. Selon M. Boudraâ, directeur de l'hôtel Cirta, sa direction cherche, en effet, à restaurer la salle afin de permettre son exploitation pour des projections cinématographiques et autres activités culturelles. Une décision qui devrait réjouir les cinéphiles à Constantine et faire plaisir aux gens de culture dépités par le rétrécissement des espaces culturels de la ville. Le long feuilleton des batailles pour la récupération de la salle qui a opposé des héritiers faisant valoir leur droit de propriété face à la direction de la cinémathèque et ensuite à celle de l'hôtel Cirta, s'est achevé en décembre 2004 par un verdict de la chambre administrative près la cour de Constantine, en faveur de ce dernier. Un verdict annulant l'arrêté de wilaya portant restitution de la salle Cirta aux héritiers Chentli. Le désengagement de l'Etat avait entraîné le démantèlement du parc cinématographique national appuyé par l'arrêté interministériel de 1995 portant restitution ou indemnisation du fonds de commerce des salles de spectacle. Les travailleurs de la cinémathèque étaient les premiers à réagir pour dire non et empêcher « le bradage ». Dans la foulée, l'association des Amis de la cinémathèque s'est constituée pour la défense du Cirta et son avenir. Durant des années, l'association et la poignée de travailleurs seront les seuls à défendre ce bien culturel, abandonné par le ministère de la Culture qui s'est muré dans un silence incompréhensible. L'affaire parviendra à la Cour suprême mais sans apporter satisfaction aux défenseurs de la cinémathèque. Ce n'est qu'après l'apparition d'un acteur providentiel, en l'occurrence l'hôtel qui abrite la salle, que le vent a changé de direction pour permettre, grâce à des documents de propriété authentifiés, une décantation significative. Durant deux décennies, la cinémathèque Cirta a été le théâtre de grandes manifestations cinématographiques, telles que les ciné-clubs et les panoramas du cinéma maghrébin accueillant d'illustres personnalités du septième art, à savoir Youcef Chahine et Costa Gavras, pour ne citer que ces deux. Aujourd'hui, elle aspire à reconquérir son statut et renaître de ses cendres grâce à la décision sensée de la direction de l'EGT-Est et à l'apport nécessaire et souhaité des professionnels du cinéma.