Un derby est un mot employé pour désigner un grand match, en cricket (avant le football) ou dans d'autres disciplines. Ce terme vient du vocabulaire hippique. Les Britanniques l'emploient toujours pour désigner un «big match». Le «local derby» est un grand match mettant aux prises deux clubs proches, habitant dans la périphérie. C'est cette définition qui est reprise par la définition francophone du terme «derby» mot en anglais dont le pluriel est derbys, Il n'existe aucune règle pour déterminer la distance entre les clubs et qualifier le match de derby, cependant, une distance maximale allant de 70 à 100 km est adoptée. Sans tenir compte de cette distance, les rencontres entre clubs se situant au sein d'une même région sont qualifiées aussi de derbys. La portée de ces matches est bien souvent un engouement qui dépasse le cadre du sport. Les derbys déchaînent les passions les plus folles. Chaque club a son rival ancestral, son meilleur ennemi. Un antagonisme qui nourrit leur histoire. Sans ces classiques, l'histoire du football n'aurait pas le patrimoine qui en fait sa beauté. Deux fois l'an, ils écrivent une nouvelle ligne du livre d'or du ballon rond. Ils font rêver. Ils allument la passion, font soulever les foules, déchaînent les engouement, ce sont : Boca Juniors River Plate en Argentine, Flamengo-Fluminense au Brésil, Barcelone-Real Madrid en Espagne, Bayern-Munich 1860 en Allemagne, PSG-O.Marseille en France, Rangers-Celtic en Ecosse, Porto-Benfica au Portugal, Inter-AC Milan en Italie, Olympiakos-Panathinaikos en Grèce, Fenerbahçe-Galatasaray en Turquie, Arsenal-Tottenham et Manchester United-Manchester City en Angleterre, Wydad-Raja au Maroc, Club africain-Espérance en Tunisie, Al Ahly-Zamalek en Egypte, MCA Alger-USM Alger. A chacun son antagonisme. Mais lequel est le plus «chaud» ? Les «clasicos» ne manquent pas à travers le globe.
Algérie : USM Alger-MC Alger La haute passion pour le football, en Algérie, n'échappe pas non plus à la fièvre qui s'empare de tout pays lorsque ses deux clubs phares s'affrontent. Entre les Rouges de Soustara et les Verts de Bab El Oued, il faut choisir sa couleur. Théâtre de la première affiche de l'année, «l'enfer de 5 Juillet», le lieu où se situe le stade du big match, sera à chaque rencontre l'objet de toutes les attentions. Certes, l'affiche du football algérien a beaucoup perdu de sa superbe tant le fossé s'est creusé entre les deux frères ennemis depuis une quinzaine d'années. Mais l'enjeu ne se résume pas à une histoire de points ou de classement. Lorsque le calendrier paraît, on coche la date du derby. Lorsqu'on célèbre un titre de champion, la fête n'est pas complète si on s'est incliné face au rival en cours de la saison. Une victoire dans le classique est une ligne au palmarès du club. Cette année, le choc arrivait à la 7e journée, mais il a été décalé pour des raisons obscures. Les Usmistes pointaient à la troisième place et accusaient six points de retard sur les leaders, alors que les Mouloudéens sombraient dans les profondeurs des ténèbres. Certes, les chiffres ne signifient plus rien à l'approche du match, Mais, comme dans toute rivalité, les supporters du doyen des clubs aiment à rappeler à ceux du camp adverse les matches gagnés et les titres remportés.par Bencheikh et consorts. De même, les fans du club de Keddou ne perdent pas une occasion de parler des victoires décrochées à Bologhine. Autre fierté rouge, celle d'avoir été les premiers à remporter le duel à la première opposition de l'histoire. Davantage qu'une lutte sportive, c'est une rivalité entre deux quartiers et deux mentalités qui s'exprime lors de chaque choc entre les deux clubs les plus populaires du pays. Car, dans ces quartiers populaires, le football est affaire d'identité culturelle. Inter de Milan-AC Milan : l'autre dimension du football européen Hormis le 150e derby de l'histoire entre le Milan et l'Inter, les autres rencontres sont totalement anecdotiques pour les Italiens. Comme si l'atmosphère n'était pas déjà suffisamment «chaude» avant un derby Milan-Inter, cette année, à l'approche du derby milanais, tout spectateur abonné au Milan ou à l'Inter se présentant au siège des clubs de Milan ou de l'Inter afin d'arracher le billet pour flâner dans les travées du San Siro se verra offrir un spectacle de qualité. En Italie, le fan de foot est roi et c'est d'autant plus vrai un jour de «derby de la Milanelo». Chaque année (comme tous les ans d'ailleurs), il y a toujours une bonne raison de s'extasier devant le spectacle proposé par un Milan-Inter. Cette saison, vu la situation des deux clubs, ce premier choc de la série A revêt une importance particulière. Après quatre journées, l'Inter qui, se porte comme un charme, vise un succès en Ligue des champions pendant que leurs cousins, mal en point, ferraillent en championnat. Bref, les Rossoneri n'ont que ça, cette saison, pour faire rêver leurs tifosis, qui se moquent éperdument de cette petite Coupe d'Europe et de ses déplacements que redoutaient tant les Rouge et Noir.
Argentine : River Plate-Boca Juniors, question de leadership Issus du même quartier, ils font tout pour ne pas se croiser. L'un se targue d'avoir raflé le plus grand nombre de titres nationaux, l'autre est fier d'être le recordman des trophées conquis à l'échelle internationale. Ils se détestent, mais ils ont besoin l'un de l'autre. Il s'agit des deux ennemis jurés argentins, River Plate et Boca Juniors, protagonistes d'un Superclásico argentin étranger à toute forme de raison, qui concentre passion, émotion, couleur et intensité dramatique. Mais, au-delà de ce match, l'énorme rivalité entre ces deux clubs, les plus titrés d'Argentine, a dépassé le cadre d'une lutte pour la suprématie nationale. Alléchés par les vieilles rancœurs, les ambitions de chacun et l'inimitable orgie de couleurs offerte par les tribunes, tous les Argentins, même les supporters d'autres clubs, laissent tout en plan pour suivre cette véritable compétition dans la compétition. Les arguments ne manquent jamais pour expliquer la tension qui anime les supporters avant tout derby. Mais River et Boca représentent un cas particulier. Non seulement ils résident dans la même ville, Buenos Aires, mais ils comptent également une multitude de supporters à travers toutes les provinces du pays.
Espagne : Real Madrid-FC Barcelone : les férus retiennent leur souffle Lorsque le Real Madrid et le FC Barcelone croisent le fer, tous les regards se tournent vers l'Espagne. A chaque rencontre entre les deux clubs, des milliers de passionnés du ballon rond retiennent leur souffle, que ce soit dans la péninsule ibérique ou aux quatre coins de la planète. De l'autre côté des Pyrénées, cet événement exerce une telle fascination que même les plus insensibles aux joies du football finissent par arborer les couleurs de l'une des deux équipes. La profusion de talents dans chacune des deux équipes attire le plus grand nombre de spectateurs. Aux listes de gloires, de trophées, viennent s'ajouter les noms des talents qui n'ont pas hésité à changer de camp, déclenchant de vives réactions chez leurs supporters. Ce faisant, ils se sont attiré les foudres de tous ceux qui, après les avoir idolâtrés, ne leur ont jamais pardonné de passer à l'ennemi. Cela fait désormais plus de cent ans que les deux plus grosses écuries d'Espagne se disputent non seulement les meilleurs joueurs, mais aussi les trophées les plus prestigieux. A cet égard, l'avantage revient pour l'instant au Real Madrid. Malgré plusieurs années de vaches maigres, le club de la capitale totalise 29 titres de championnat, 17 Coupes du roi, 9 Coupes d'Europe, 3 Coupes intercontinentales et 2 Coupes de l'UEFA. S'il a brandi plus de Coupes du roi (24), le club catalan affiche un palmarès moins impressionnant dans toutes les autres compétitions, avec 18 titres de championnat et 2 Coupes d'Europe.
Ecosse : Celtic de Glasgow-Glasgow Rangers, 118 années de rivalité Le derby de Glasgow fait également partie des plus explosifs derbys de la planète football. La farouche rivalité entre les deux grands rivaux, issus de la ville écossaise est depuis longtemps entrée dans la légende, tout comme les causes historiques de cette hostilité. Pourtant, une fois n'est pas coutume, le Celtic et les Rangers mènent aujourd'hui une bataille commune pour se débarrasser de l'image sectaire et du sentiment d'appartenance tribale qu'ils continuent de véhiculer malgré eux. D'autres facteurs viennent expliquer l'envoûtement suscité depuis plus d'un siècle par ce derby. La traditionnelle suprématie des deux équipes sur la scène nationale n'y est pas étrangère, pas plus que les difficultés qu'elles ont à se départager. Si les Rangers affichent une légère supériorité dans les derbys, avec 147 victoires contre 134 pour le Celtic, les éternels ennemis peuvent à eux deux revendiquer pas moins de 91 titres de championnat et 63 Coupes d'Ecosse. On comprend pourquoi ce derby entre grosses écuries a toujours attiré les foules, même lorsque les deux clubs étaient au creux de la vague. Au prestige des clubs vient s'ajouter le fait qu'ils cohabitent dans la même ville. Surtout dans une ville comme Glasgow, qui ne jure que par le football. Depuis 1938, Hampden Park détient le record européen de spectateurs pour un match de club : 146 433 personnes, à l'occasion de la victoire du Celtic sur Aberdeen en finale de la Coupe d'Ecosse. M. G.