Photo : S. Zoheïr Par Karima Mokrani La grève des praticiens spécialistes de la santé publique se poursuit avec autant sinon plus de détermination que le premier jour de son lancement, dimanche dernier. Et ce, malgré toutes les mesures répressives décidées par le ministère de tutelle dans une tentative, encore vaine, de casser le mouvement et diviser le syndicat. A Mostaganem, le taux de suivi est passé hier à 100%, alors qu'il n'était que de 50% la veille. A Oran, il est passé de 50 à 60%. Dans les autres wilayas, à l'exemple d'Alger, Blida, Boumerdès, Djelfa, Ghardaïa, Ouargla et Tlemcen, selon les chiffres donnés par le syndicat représentant la corporation, les taux de suivi atteignent facilement les 80%. La moyenne nationale, toujours selon le syndicat, est de 80%. Au premier jour de la grève, elle avoisinait les 75%. C'est dire la mobilisation de toute la corporation pour mettre au défi le ministre et ses collaborateurs et les amener à respecter concrètement leurs engagements. Le syndicat des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) affirme que cette grève ne vise pas seulement la satisfaction de ses revendications, ces dernières portent principalement sur l'amendement du statut particulier et la révision du régime indemnitaire, mais elle a aussi pour objectif, peut être le plus important, la défense du système de santé publique et la santé du malade, de façon générale.Dr Mohammed Yousfi, le président du Snpssp rapporte que des sanctions commencent à tomber sur les médecins en grève: «Le ministère a donné ordre de procéder à des retraits de salaires mais aussi à la révocation des grévistes qui occupent des postes de responsabilité. C'est un précédent très grave dans le secteur de la santé. Une entrave majeure aux libertés syndicales…Nous ne pouvons tolérer ces abus.» Aussi, s'inquiète Dr Yousfi, «non seulement les responsables du ministère ont donné ordre de réquisitionner les spécialistes mais ils sont en pleine campagne de désinformation à notre égard». Plus précis, le représentant du syndicat rapporte que «le secrétaire général du ministère a donné instruction aux directeurs des établissements de s'adresser directement aux médecins spécialistes et leur dire que toutes leurs revendications sont prises en charge. Ils affirment que tous nos problèmes ont été réglés et qu'il n'y a pas lieu de faire cette grève. C'est complètement faux».Dr Yousfi qualifie cela de mensonge et de désinformation. Le pire, selon notre interlocuteur, «pour casser notre mouvement et diviser la corporation, ils affirment que cette grève a été décidée seulement par le bureau national». Comme quoi la base n'est pas associée à la prise de décision et que le bureau national ne représente pas le syndicat. «Ils veulent discréditer le bureau national et nous diviser. Ça ne marchera pas. Notre base est consciente de ces manœuvres. Jamais ils ne nous diviseront.» K. M.
Des retenues sur salaire seront appliquées aux médecins grévistes Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbes, a affirmé, hier à Alger, que des retenues sur salaire seront appliquées aux médecins praticiens spécialistes de santé publique en grève et ce, à compter de la date du déclenchement de la grève. «La grève a été suivie à 10,5% au niveau national», a indiqué le ministre, en marge de la Journée de sensibilisation sur la transplantation rénale. Il a appelé les membres du corps médical à reprendre le travail et à ne pas «prendre le malade en otage». Chaque gréviste, a-t-il dit, «doit assumer ses responsabilités», précisant que la loi sera appliquée «sans colère ni rancœur».