Les praticiens spécialistes de la santé publique dénoncent avec force les mesures «restrictives» décidées à leur encontre par le ministère de tutelle lors de leur dernier mouvement de grève, observé les 4, 5 et 6 mars derniers. «Nous dénonçons fermement cette manière des temps révolus et qui est en totale contradiction avec les instructions du président de la République. Ce dernier qui insiste dans tous ses discours sur le respect de l'élite du pays et la nécessité d'engager le dialogue social avec tous les partenaires. Nous prenons à témoin l'opinion publique sur ces atteintes aux libertés syndicales», a déclaré, d'emblée, Dr Mohamed Yousfi, le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), lors d'une conférence de presse, tenue hier au siège du syndicat, à Alger. Par mesures restrictives, le représentant de l'organisation syndicale entend les retraits sur salaire, la saisie des walis pour ordonner la réquisition des praticiens spécialistes et les listes nominatives contenant les noms des grévistes et leurs fonctions. Les médecins occupant des postes de responsabilité sont particulièrement ciblés par cette mesure «abusive», considérée comme un précédent grave dans toute l'histoire de la santé publique. «C'est la première fois qu'on applique ces décisions contre un syndicat. Ça n'a jamais été décidé contre un autre syndicat du même secteur ou d'un autre secteur. C'est inacceptable», dira Dr Yousfi. Et de poursuivre avec insistance : «Ils sont en train de mépriser l'élite de ce pays et, à travers elle, tout le peuple.» Le président du Snpssp reviendra sur la grève des trois jours et dira que celle-ci a eu lieu dans de bonnes conditions malgré toutes les tentatives de casser le mouvement. Selon ses dires, le taux de suivi était de 80% au niveau national. «C'est une grève pour la dignité du praticien spécialiste. Pour la préservation du système de santé qui est en train de s'écrouler. C'est une grève pour empêcher les départs massifs des spécialistes du secteur public vers le privé et d'autres pays», affirmera encore Dr Yousfi. Aussi, «ce n'est pas un problème entre le syndicat et le ministère de la Santé mais un problème national de santé publique». Le président du Snpssp dénoncera «cet acharnement, cette haine à l'égard des spécialistes» et affirmera son étonnement de la décision ministérielle de mettre fin aux fonctions des chefs de service et chefs d'unité grévistes : «Ils menacent de mettre fin aux fonctions des chefs de service et des chefs d'unité pour cause de participation à la grève. Nous les mettons au défi d'exécuter cette menace. Qui va gérer alors les hôpitaux ? Les responsables du ministère ?», interrogera-t-il, non sans souligner : «Nous, nous sommes à l'aise, c'est le ministère qui veut mettre les établissements de santé dans une situation de non gérance. Qu'il assume alors les conséquences !» Interrogé sur la décision de justice décrétant la grève illégale, le président du syndicat répondra : «Nous n'avons pas à appliquer une décision non notifiée.» Concernant le chiffre donné par le ministère, soit 10,5% le taux de suivi au niveau national, «si c'est le cas, pourquoi avoir pris alors toutes ces mesures répressives. C'est un aveu du ministère que la grève a été largement suivie.» Le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique affirmera que, contrairement à ce qui a été annoncé par les responsables du ministère, aucun engagement concernant la prise en charge de leurs revendications n'a été respecté : «C'est faux, faux, archi-faux. Le 24 octobre 2011, le ministre nous a dit que c'est un engagement d'homme de répondre à toutes nos doléances. Où est cet homme qui a pris cet engagement ?» Partant, la feuille de route tracée le mois de février dernier est maintenue et la grève sera reconduite les 11, 12 et 13 mars prochains. «Rien ne changera dans notre plan d'action. Nous sommes décidés dans notre lutte pour la préservation du système de santé publique». K. M.