Seuls le service minimum et la vaccination contre la grippe A seront assurés. Les blouses blanches voient rouge. Les professionnels affiliés au Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp) et au Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) appellent à une grève à partir de demain. Ils entendent dénoncer leur situation qualifiée de précaire, les restrictions budgétaires, les conditions de travail et le statut particulier. C'est ce qu'ont indiqué hier lors d'une conférence de presse leurs présidents respectifs, le Dr Lyes Mérabet et le Dr Mohamed Yousfi. S'exprimant hier à Alger, ces deux responsables ont indiqué que la grève ouverte du 4 janvier est maintenue. Les syndicalistes s'élèvent contre le fait que leur secteur est géré par une loi qui n'a pas changé depuis 1985. «Notre secteur est toujours géré par une loi qui date de 1985. Dans cette situation, on ne peut jamais évoluer», lance le Dr Yousfi. «Depuis de nombreuses années, notre secteur est victime de la politique d'austérité et d'un véritable étranglement financier», souligne le premier responsable du Snpssp. «Durant cette grève, nous assumons le service minimum, notamment la prise en charge de la campagne de vaccination contre la grippe A», ajoute-t-il. Il rejette ainsi le contenu des déclarations de la tutelle qui viseraient «à ternir notre image auprès du citoyen», affirme, de son côté, le Dr Mérabet. Et de poursuivre: «Le mouvement de grève dans le domaine de la santé publique est maintenu pour deux raisons essentielles.» Les professionnels réclament un statut particulier. En cette période de froid, les relations entre les deux parties semblent grippées et un vent de révolte souffle sur le secteur public. D'ailleurs, le Dr Yousfi fait état d'un probable «départ massif des médecins vers le secteur privé et à l'étranger car on ne peut plus accepter le diktat». «Le mépris à notre égard a pris des proportions alarmantes», ajoute-t-il. Pour étayer ses propos, ce responsable rappelle que la campagne de dépistage précoce du cancer du sein a été annoncée, hier, par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale au lieu du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. «C'est choquant et décourageant», a-t-il martelé. Le Dr Mérabet regrette, quant à lui, «l'exclusion des partenaires sociaux par la tutelle contrairement aux dispositions de la loi 90-14 portant sur l'association des partenaires sociaux dans les décisions». Suite à quoi, le 23 décembre dernier a été entamée la grève ouverte déclenchée par le Syndicat national des praticiens de la santé publique. Ces syndicats veulent être impliqués dans la prise de décisions concernant le secteur, notamment celles relatives au régime indemnitaire. «Nous assumons nos responsabilités. La tutelle devrait impliquer le partenaire social dans la prise de décisions, notamment, celles relatives au régime indemnitaire», a soutenu Lyès Mérabet. «Les médecins de la santé publique, spécialistes ou généralistes, sont exposés aux mêmes difficultés, travaillent dans les mêmes structures et dépendent de la même tutelle», a souligné pour sa part le Dr Yousfi. Cette vague de protestation avait enregistré un fort taux de participation atteignant 87% à travers les wilayas, selon le Snpsp. Rejoignant ce mouvement, le Snpssp est déterminé à poursuivre cette protesta. Ce syndicat, rappelons-le, déplore «la transgression de l'accord du 3 mars 2004 ainsi que la légèreté et le manque d'intérêt avec lesquels le dossier a été traité». La remise en cause des six points retenus dans cet accord, notamment «la régularisation des praticiens spécialistes ayant exercé avant 1990, l'organisation des concours de praticien principal et praticien spécialiste chef et les projets de décrets concernant le régime indemnitaire qui sont restés sans suite», constituent également l'une des raisons du recours à la grève.