A l'occasion de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, le label No Direction Home vient d'éditer un coffret spécial de quatre CD intitulés Algérie : musiques rebelles 1930-1962. Mis en vente le 5 mars dernier en France, ce coffret spécial retrace toute la créativité de la musique algérienne, le tout placé dans un contexte de lutte pour la liberté et l'affirmation de l'identité algérienne. Le coffret spécial sera mis en plateforme de téléchargement à partir du 19 mars prochain, de quoi ravir les nostalgiques.Accompagné d'un livret d'une vingtaine de pages regroupant des résumés des musiques présentées, des repères biographiques des interprètes et des anecdotes croustillantes, le coffret regroupe quatre CD dont chacun est consacré à un genre musical qui est représenté par ses grands interprètes. Dans le CD de musique arabo-andalouse, malouf et hawzi, on retrouve des chansons de Cheikha Tetma, Fadhéla Dziriya, Abdelhamid Ababsa, Hassen El Annabi, Cheikh M'Hammed El Kourd, Hadj Mohamed Tahar Fergani et Dahmane Ben Achour. Pour le deuxième Cd, il s'intéressé aux chansons Bedoui et au raï avec des titres de Blaoui Houari, Cheikha Nedjma, Cheikha El Ouechma, Ahmed Wahbi et Cheikha Rimiti, une belle façon de rendre hommage à des artistes longuement classés underground. Pour sa part, la chanson kabyle a également bénéficié d'un CD au sein de ce coffret, elle y est représentée par ses grands interprètes dont le regretté Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui, Hnifa, Kamel Hammadi, Akli Yahiaten et Farid Ali. Le quatrième et dernier CD est consacré à la musique Châabi qui fascine toujours aujourd'hui avec H'sissen, Boudjemâa El Ankis, Hadj Mrizek, Dahmane El Harachi, El Hadj Mohamed El Anka que l'on surnomme le cardinal. Par ailleurs, on y retrouve également sur la tracklist du coffret, l'hymne national algérien en guise de prélude ainsi que l'hymne amazigh Kker à mmis umazigh. Véritables vecteurs de révolution, nos artistes d'antan se sont distingués par la force de leur art, que l'ennemi percevait plutôt comme un moyen de propagande anti-colonialiste, ce qui est certes vrai, mais aussi un moyen pour confirmer l'identité algérienne et la porter à bout de bras. Par ailleurs, 50 ans après l'indépendance de l'Algérie, la musique algérienne d'antan demeure otage des célébrations occasionnelles. En manque d'historiens et musicologues actifs qui s'intéressent à ce legs, l'histoire musicale algérienne est encore une fois laissée pour compte. A quelques mois du 5 juillet, le public est toujours en attente d'un programme de célébration du cinquantenaire digne du combat algérien. W. S.