Le commandant Azzedine, chef de la wilaya IV historique, a évoqué, dimanche dernier à Paris, la foi inébranlable des chefs historiques algériens qui ont déclenché la guerre de Libération nationale le 1er Novembre 1954, en l'aboutissement de la volonté d'indépendance du peuple, «même s'ils savaient que cette guerre allait être longue et lourde de sacrifices», rapporte l'APS. Lors d'une rencontre-débat organisée à la faveur du cinquantenaire de l'Indépendance nationale, réunissant personnalités politiques nationales et françaises, sous le thème «Au fait, pourquoi la Guerre d'Algérie ?», il a souligné que «depuis 1830, l'histoire de la résistance du peuple algérien au colonialisme français a été montée sur une vis sans fin». Pour le chef de la wilaya IV historique, «la surdité du colonialisme est un handicap qui n'a d'égal que son aveuglement devant la réalité des peuples colonisés», rappelant que la Guerre d'Algérie, qui a duré 132 ans, n'avait même pas les tristes honneurs de s'appeler «guerre» par l'occupant. Il a toutefois espéré que «d'ici quelques décennies, les officiels (français) daigneront reconnaitre que depuis 1830, il n'y a jamais eu de paix en Algérie et que les résistants n'ont jamais laissé les colonisateurs croire en l'infaillibilité de l'armée française malgré les enfumages et les raffinements dans les tueries». Parcourant l'histoire du mouvement national, le commandant Azzedine est revenu sur le processus de création de l'Etoile nord-africaine, du Parti communiste algérien (PCA), du Parti du peuple algérien (PPA), du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), et du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA). «Mohamed Boudiaf et ses compagnons étaient des révolutionnaires convaincus de la cause pour laquelle ils allaient tout sacrifier. Ce n'était pas des terroristes, ni des égorgeurs, comme le prétendait la France coloniale, mais se battaient pour un idéal qui était l'indépendance de l'Algérie», a-t-il fait valoir. Henri Alleg, directeur d'Alger Républicain en 1954 et auteur de «La question» sur la pratique de la torture par l'armée française, a déploré le fait que les jeunes d'origine européenne qui aujourd'hui demandent que toute la vérité soit dite sur ce qu'a été vraiment cette guerre, «soient très peu nombreux». Une vérité qui implique aussi qu'on parle des assassinats, des atrocités qui ont été commises sous l'égide de l'Etat français», a-t-il dit. «Les gouvernements français n'ont pas fait de grands efforts pour que la vérité sur la Guerre d'Algérie soit connue, bien au contraire», a-t-il encore regretté, soulignant qu'en ce qui concerne l'Algérie, «on aurait souhaité que la vérité soit sujet de bataille plus qu'elle ne l'est aujourd'hui», car sur cette période, a-t-il estimé, «il y a encore beaucoup à connaître et à savoir». Pierre Pradel, représentant de l'Association des pieds noirs progressistes, a quant à lui rappelé la nocivité de l'OAS, ajoutant que son association refuse d'assimiler l'ensemble des pieds noirs, à l'image que leur donne certains. Cette rencontre a été organisée à l'initiative du quotidien français l'Humanité, avec le concours du Centre culturel algérien. Elle a été précédée par la projection d'un extrait du film «Ben Boulaïd» de Ahmed Rachdi, d'un documentaire de l'INA sur le détournement par les Français de l'avion transportant les chefs historiques du FLN en route vers Tunis en 1956, ainsi qu'un magazine de 1976, confrontant le commandant Azzedine pour son livre «On nous appelait Fellaga» et le général Bigeard. M. C.