Photo : S. Zoheir Par Faouzia Ababsa L'information est choquante, voire gravissime. Les places sur les listes électorales sont échangées entre 100 et 500 millions de centimes. Et il ne s'agit pas de têtes de liste. L'aveu est de Moussa Touati, président du FNA, dans un mini-entretien accordé à notre confrère Echourouk. En fait, il n'a fait que confirmer ce que d'aucuns savaient déjà et que certains partis politiques ont déjà dénoncé. Dans le face-à-face organisé par le quotidien entre Touati et Mohamed Saïd, l'on perçoit aisément la différence entre le militantisme et le mercantilisme.Ainsi, l'on constate que le président du Front national algérien a établi un barème et un tarif pour ceux des prétendants qui voudraient figurer sur les listes électorales de ce parti. Le prix varie en fonction de l'importance des wilayas. Pour Adrar, le prétendant devra verser, selon Moussa Touati, la somme de 100 millions de centimes. La wilaya de Chlef coûte 300 millions, tandis que les places pour la wilaya d'Alger sont cédées à 500 millions. Même si c'est un secret de Polichinelle, le propos de Moussa Touati est extrêmement grave et relève du délit de corruption. Le président du FNA a bien précisé que cet argent «n'ira pas dans sa poche mais dans les caisses du parti afin d'éviter que celui-ci ne devienne une passerelle, surtout que l'Etat n'accorde plus d'aide financière pour la campagne électorale». Cela est bien entendu faux, puisque la loi organique portant régime électoral prévoit des aides indirectes, dont la mise à la disposition des formations politiques des salles gratuitement pour y animer leurs meetings, des espaces publicitaires pour l'affichage, etc. D'autre part, il ne s'agit pas d'argent provenant de généreux donateurs pour aider les formations politiques prévu et plafonné par la loi sur les partis politiques, au demeurant, mais bel et bien de la vente des places sur les listes électorales. Cela s'appelle de la corruption tout court sur le plan pénal et de la corruption politique sur les plans moral et éthique. C'est ce genre de pratiques, qui ne sont pas nouvelles, qui encourage la décomposition politique et l'atteinte à la démocratie et au multipartisme. C'est, d'ailleurs, à l'occasion d'échéances électorales que les partis politiques sérieux décèlent les vrais militants des faux. Ceux qui adhèrent à une formation par conviction et pour défendre son programme, même s'il n'est pas porté sur la liste électorale, et ceux, opportunistes et affairistes, qui intègrent les listes moyennant monnaies sonnantes et trébuchantes dans le seul but de défendre leurs intérêts propres. En tout état de cause, les déclarations du président du FNA ne sauraient être passées sous silence. Et les appels de quelques partis politiques de diligenter des enquêtes sur le financement de la campagne électorale sont plus que légitimes. Aux pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités.