Les élections pour la présidence de la Banque mondiale pourraient être différentes cette fois-ci, et ce, après la désignation, vendredi dernier, d'une candidate par trois pays émergents d'Afrique. En effet, cette candidature ouvre la voie à la première élection réellement disputée depuis la création du principal bailleur de fonds des pays en développement. Et de ce fait, la règle tacite réservant aux Etats-Unis la présidence de la Banque mondiale est remise en cause. L'Angola, le Nigeria et l'Afrique du Sud, qui appuient la candidature de la ministre nigériane des Finances, Ngozi Okonjo-Iweala, une économiste et diplomate respectée, pour succéder à l'Américain Robert Zoellick, qui quittera ses fonctions en juin, tentent tant bien que mal de remettre en cause l'ordre établi depuis des décennies. Celui qui réserve logiquement (?) la présidence de la BM aux USA alors que le poste du premier responsable du FMI revient à un Européen. «Cette désignation découle de la conviction selon laquelle les nominations des dirigeants de la Banque mondiale et de son institution sœur, le Fonds monétaire international, devraient être fondées sur le mérite, ouvertes et transparentes», déclarent, à Reuters, les trois Etats dans un communiqué. En sus de la candidate nigériane qui avait occupé le poste de directrice générale de la BM entre 2007 et 2011, il y a aussi l'Américain, Jim Yong Kim, président de l'université de Dartmouth (New Hampshire), le Colombien José Antonio Ocampo, professeur à l'université Columbia (New York) et ancien ministre des Finances de son pays. La Russie, elle, s'est abstenue de soutenir un candidat non-américain et a plaidé pour un rôle accru des émergents dans les organes dirigeants des institutions financières internationales. Les observateurs indiquent que les USA peuvent faire passer leur candidat, car au Conseil d'administration de la Banque mondiale, le pays de l'oncle Sam détient le plus grand nombre de droits de vote, mais également peut espérer le soutien des pays européens et du Japon. Alors que l'Afrique n'occupe que trois des 25 sièges du Conseil. Dans un communiqué, la Banque mondiale a annoncé vendredi dernier la clôture de la période de dépôt des candidatures pour le poste de président et a retenu une liste de trois postulants, dont un sera nommé par consensus du Conseil d'administration pour diriger cette institution financière internationale. Le choix définitif se fera avant les assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale, qui se tiendront le 21 avril prochain. Créée en 1944, la BM s'est élargie pour passer d'une seule institution à un groupe de cinq organismes de développement, étroitement liés entre eux. Sa mission a aussi évolué, passant du soutien au processus de reconstruction et de développement au mandat de réduire la pauvreté dans le monde au côté de son institution affiliée, l'Association internationale de développement (IDA), et les autres membres du Groupe de la Banque mondiale, la Société financière internationale (IFC), l'Agence multilatérale de garantie des investissements (Miga) et le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cird). S. B.