C'est un rapport assez négatif sur la situation des droits de l'Homme en Algérie que le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'Homme (Remdh) vient d'établir sur l'Algérie et qui est intitulé «La levée de l'état d'urgence : un trompe-l'œil. Exercice des libertés, d'associations, de réunion et de manifestations en Algérie». Car, il s'agit d'un rapport élaboré sur les mois ayant suivi cette mesure décidée le 24 février 2011 par le chef de l'Etat et qui a été présenté hier à la presse algérienne à l'occasion d'une conférence de presse animée à Alger au siège de SOS Disparus, conjointement par la présidente de cette association, Mme Nassera Dutour, et par la présidente de Djazairouna, Cherifa Kheddar, cette association des victimes du terrorisme représentant également l'Algérie au sein de Remdh. Aussi, le rapport en question a-t-il été finalisé à l'occasion du premier anniversaire de la levée de l'état d'urgence. Il y est fait état, notamment, des nombreux cas de harcèlements et d'intimidations dont font l'objet des militants et autres activistes des droits de l'Homme, de l'interdiction «non justifiée» de manifestation et de réunion dans les endroits publics ; le recours à des pratiques administratives «abusives» en vue d'entraver les activités des associations. Autant de raisons qui font conclure aux rédacteurs du rapport que la levée de l'état d'urgence n'a été, en réalité, qu'un «trompe-l'œil derrière lequel s'exercent de nombreuses entraves à l'exercice des libertés publiques et individuelles et des violations des droits de l'Homme». Après avoir fait un bref rappel du cadre juridique des libertés publiques mis en place depuis l'ouverture démocratique en 1989, le document en arrive à conclure, sur la base de témoignages recueillis par différents acteurs de la société civile, que les libertés d'information, d'opinion, de manifestation et de réunion sont «étroitement surveillées». Et de conclure par une série de recommandations, dont celle inhérente à «l'abrogation de toutes les lois et mesures interdisant les réunions et manifestations dans les lieux publics et la cessation des pratiques empêchant la société civile de se réunir, et à la nécessité d'encouragement de la société civile à exprimer ses opinions». Dans l'une des ses interventions, la présidente de Djazairouna a mis en exergue les préjudices occasionnés par les lois inhérentes à l'information et aux associations dans le sens ou les réformes politiques annoncées par le pouvoir se sont traduites par un recul au lieu d'aller en avant. «Nous avons décidé de résister à ces lois, autrement toutes les associations qui activent pour les droits de l'Homme disparaîtraient», observe Cherifa Kheddar. Et à Mme Nassera Dutour de renchérir pour afficher sa détermination à poursuivre son combat en espérant que le pouvoir tienne sa promesse de revoir sa copie s'agissant desdites associations. A l'adresse de l'Union européenne, le rapport de Remdh demande notamment que celle-ci «prenne clairement et fermement position face à la dégradation de la situation des droits de l'Homme et des libertés publiques en Algérie ; de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre en œuvre l'article 2 de l'accord d'association relatif au respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux ; de nouer et de maintenir des contacts avec les défenseurs des droits de l'Homme algériens…. M. C.