Les principales artères de la ville de Tizi Ouzou ont renoué hier vendredi avec les manifestations de rue, à l'occasion du 32e anniversaire du Printemps amazigh du 20 Avril 1980 et les événements d'Avril 2001. Les partisans de l'autonomie de la Kabylie étaient quelques centaines à répondre à l'appel du MAK qui tenait à marquer cette date historique du 20 avril, non sans lui grever le mot d'ordre de boycott des élections législatives du 10 mai prochain. Le même mot d'ordre était en vogue parmi les participants, quelques centaines aussi, de la seconde manifestation à laquelle a appelé une organisation estudiantine, créée au début du mois en cours, à savoir le Comité national des étudiants démocrates amazighs (Cneda). Une structure mise sur pied par un groupe d'étudiants militants du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) dont les responsables et autres cadres étaient présents à la marche d'hier, notamment son nouveau président Mohcine Belabès qui a quitté la manifestation, une fois arrivé devant le siège de la première Sûreté urbaine de la ville de Tizi Ouzou.Les autonomistes qui se sont ébranlés du campus Hasnaoua de l'Université de Tizi Ouzou,brandissaient des banderoles sur lesquelles étaient inscrites leurs revendications habituelles favorables à l'idée d'autonomie de la région de Kabylie, mais aussi des motions de soutien à l'indépendance de l'Azawad, au nord du Mali. Des slogans hostiles au pouvoir et au scrutin législatif du 10 mai prochain pouvaient également être lus sur les banderoles des manifestants qui ont arpenté la rue Lamali et l'avenue Abane Ramdane pour improviser un meeting, à l'aide d'un mégaphone, au rond-point de la ville, près du siège de l'ancienne mairie, datant de la période coloniale. Les slogans scandés tout au long de la marche sont d'une virulence extrême, rejoignant la virulence de la déclaration de cette structure qui présente la Kabylie comme une région colonisée. Auparavant, les organisateurs de cette marche ont empêché un débordement quand certains manifestants ont commencé à lancer des pierres vers le siège de la première Sûreté urbaine, sise au rond-point du Djurdjura.De leur côté, les manifestants du RCD qui ont démarré, eux aussi, du portail d'accès principal de l'Université de Tizi Ouzou, ont marché juste derrière ceux du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK). Entre les étudiants, de nombreux cadres du parti étaient visibles comme le président de l'APW, des députés, un membre du Conseil de la nation, des élus locaux, ainsi que quelques membres de la direction nationale, en plus de leur nouveau président. Pour les organisateurs, il s'agit aussi de célébrer Avril 1980, en associant cette date historique à leur campagne de boycott des législatives de mai prochain. Les slogans des manifestants tournaient autour du rejet du scrutin législatif du 10 mai et de la réitération des positions du RCD, comme la question de la refondation nationale et la régionalisation, tamazight ainsi que la dénonciation de «l'antikabylisme» du pouvoir. Pratiquement les mêmes slogans sont transcrits sur les banderoles des manifestants qui arboraient également l'emblème national et celui que le MAK utilise comme emblème de la Kabylie.Les manifestations ont pris fin en début d'après-midi et les marcheurs se sont dispersés dans le calme et sous l'œil «bienveillant» de quelques observateurs de l'Union européenne qui se trouvent en Algérie dans le cadre des élections législatives dont la campagne est en cours.