Les traditionnelles marches du 20 avril ont drainé hier une foule nombreuse à Tizi Ouzou, à l'occasion du 32e anniversaire du printemps berbère. Trois marches distinctes ont été organisées par le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ainsi que le Comité national des étudiants démocrates et amazighs (CNEDA), récemment créé par un groupe d'étudiants à l'université d'Alger. Durant ces trois actions, l'appel au boycott des élections législatives du 10 mai a été exprimé par l'ensemble des marcheurs. Pour le MAK, plus d'un millier de marcheurs dont la majorité est issue de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, ont réitéré leur revendication pour l'autonomie de la Kabylie, ainsi que l'officialisation de langue amazighe. Empruntant l'itinéraire habituel allant de l'UMMTO à l'ancienne mairie en passant par la rue Lamali longeant le CHU Nedir-Mohamed et la rue Abane-Ramdane, les militants du MAK ont scandé des slogans hostiles au pouvoir et ont brandi des banderoles sur lesquels ont pouvait lire «Pas d'Algérie sans tamazight», le printemps de 1980 a tracé le chemin que nous suivrons. " Pour l'autonomie de la Kabylie ", ou encore " halte à la terreur semée en Kabylie ". " Ulach l-vut Ulach (il n'y aura pas de vote, ndlr) ", scandaient-ils. Les militants du MAK qui ont observé une halte devant la première sûreté urbaine se sont pris contre le siège de cette dernière avec un jet de pierres et tas d'autres objets. La marche a d'ailleurs failli tourner à l'affrontement si ce n'était le sang froid et le calme des services de l'ordre qui n'ont pas riposté à la provocation. Le Conseil universitaire du MAK à L'UMMTO a rendu publique à l'occasion, une déclaration dont il fait " un diagnostique général de la situation en Kabylie ", tout en axant le même document sur quatre plans, sécuritaire, politique, socioculturel et économique. Des cadres du mouvement de Ferhat M'henni ont ensuite pris la parole, appelant la foule à boycotter le prochain scrutin et rester mobilisée autour de la revendication identitaire pour arracher " l'autonomie tant espérée ". De son coté, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a mobilisé ses troupes pour marquer cet événement et profiter de l'occasion pour lancer officiellement sa compagne pour le boycott des prochaines élections. La quasi-majorité des cadres du parti étaient au rendez-vous, devancés par le président fraîchement élu Mohcine Belabès, le président de l'APW de Tizi-Ouzou Mahfoud Belabès, ainsi que les députés et sénateurs, notamment Leila Hadj Arab, Mohand Ikherban. Il faut dire que le RCD a drainé vraiment la foule, puisqu'il s'agit de deux à trois fois le nombre de marcheurs mobilisés par le MAK (plus de trois mille). " Tamazight langue nationale et officielle ", " Non à l'usurpation de l'histoire ", " Le 20 avril je marche, le 10 mai je boycotte ", " Pour les libertés démocratiques ", pouvait-on lire sur les principales banderoles brandies par les militants du RCD venus des quatre coins de la wilaya. Mais aussi, par les étudiants organisés dans ce qui est appelé le Comité national des étudiants démocrates et Amazighs (CNEDA), créé le 5 avril dernier à Alger. Cette organisation qui vient de voir le jour, contestée faut-il le préciser, par les comités autonomes de l'UMMTO, est très proche du RCD, dans l'objectif de faire compagne au boycotte dans les milieux universitaires.