Au huitième jour du lancement de la campagne électorale, les meetings des partis politiques se suivent et ne se ressemblent pas. Même si les discours se rejoignent sur un point qu'on veut nodal pour les législatives du 10 mai, à savoir la participation massive des électeurs, les tactiques de séduction divergent selon le poids «historique» des partis. Quand les nouvelles entités politiques tentent tant bien que mal d'attirer l'attention des citoyens en insistant sur l'importance de ce scrutin, les «machines politiques» font valoir leurs «passés» et «réalisations» en brandissant le «fantasme» de la «fitna» que voudraient soulever les anti-votes. Ainsi, Salim Khelfa, président du Parti des jeunes démocrates (PJD) récemment agréé, a appelé, hier, les électeurs de Taher (Jijel) à se rendre aux urnes «même pour se prononcer pour d'autres candidats» que ceux de sa formation, rapporte l'APS. «Bouder les urnes ne ferait pas avancer les choses», a poursuivi celui qui se déclare pour la continuité : «Nous sommes contre la rupture avec le passé, mais pour la continuité entre les générations afin que la jeunesse puisse s'imprégner de l'expérience des anciens et prendre le relais pour assurer une continuité dans la conduite des affaires du pays». Même âge juridique, même vision philosophique, Jil Jadid, dont le président, Sofiane Djilali, a effectué une virée dans les rues de la Casbah d'Alger, soutient que «sans passé, sans racines, nous ne pouvons pas construire l'avenir. Nous ne pouvons pas renier l'apport des anciennes générations. Nous plaidons pour l'édification d'un Etat moderne, fondé sur l'héritage de nos aïeux et l'apport de la nouvelle génération». Dans sa démarche, il annonce vouloir : «Redonner espoir à la population, notamment aux jeunes et leur faire aimer la politique pour qu'ils ne restent plus en marge de la société. Il faut recréer cet éveil de conscience pour former un vrai citoyen pour l'Algérie de demain», rapporte l'agence. Pour Khaled Bounedjma, le président du Front pour la justice sociale (Fnjs), «le plus important est d'assister à un sursaut national et voir l'Algérie triompher de ses ennemis». De Tébessa, Hamma Boucherma, président du Parti des jeunes (PJ) -aussi jeune que les premiers partis- appelle la jeunesse à prendre son destin en main. «Les jeunes doivent prendre leur destin en main en s'investissant davantage dans la vie politique», déclare-t-il en affirmant qu'«en accordant leurs suffrages aux candidats de (son) parti, les citoyens éliront des députés jeunes, instruits et intègres, qui sauront représenter et servir le peuple algérien». Allant à contresens des discours sur la continuité, Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement (FC), prône la rupture en qualifiant l'échéance du 10 mai d'«opportunité». Il a invité les citoyens de Laghouat à voter massivement pour «sanctionner les responsables de la détérioration de la situation en Algérie». Plus vieux d'une Assemblée nationale, (les partis précédemment cités sont tous nés en 2012), le RND, né à la veille des législatives de 2007, brandit la menace de la fitna interne et externe. Interne pour les courants qui veulent instrumentaliser la religion et externe pour ceux qui manipulent la démocratie. Aux premiers, Ahmed Ouyahia, SG du parti, conseille de «se concentrer sur le programme de développement économique de leur pays», et aux seconds il rappelle que «l'Algérie a suffisamment perdu de temps durant la décennie noire et que l'heure est aujourd'hui à la consolidation de la stabilité et de la cohésion sociale». La fitna, le mot est également lancé de Guelma par Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN. En allant en force aux urnes, les Algériens «mettront en échec toutes les velléités d'instaurer la fitna par des discours exagérément pessimistes», déclare-t-il en appelant les autres partis à «renoncer aux discours agressifs et irrévérencieux envers le FLN pour s'attirer les faveurs des électeurs». La fitna aussi, mais sans la nommer, la SG du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, en voit dans ces partis qui «tentent de faire échouer la dynamique électorale». De Khemis Miliana (Aïn Defla), elle affirme que ces élections «détermineront l'avenir de l'Algérie» et «déclencheront des dynamiques sociales et politiques susceptibles de changer le cours des choses». S. A./APS