La flambée des produits agricoles frais sur le marché pose, encore une fois, la lancinante question de la production et de l'offre locales. En plus des considérations stratégiques liées à la sécurité alimentaire, les onéreux plans de relance du secteur, assumés ces dernières années par l'Etat, étaient pourtant motivés par l'accroissement des récoltes afin de permettre aux consommateurs de s'approvisionner à des prix équitables. Au moment où les services agricoles évoquent une statistique en hausse en termes de résultats, atteignant largement les objectifs tracés dans des contrats de performance, les prix s'envolent paradoxalement sur les étals au grand dam des salariés qui dénoncent partout la spéculation et la cherté de la vie. Avec une surface agricole utile de plus de 130 348 ha, la wilaya de Béjaïa dispose d'un potentiel agricole considérable. L'oléiculture, qui passe pour une spécialité locale, occupe le premier rang à l'échelle nationale. Cette année, la production d'huile d'olive a frôlé les 15 millions de litres, selon la DSA, qui note, cependant, une baisse de l'ordre de 10% par rapport à la saison précédente. Des facteurs climatiques défavorables seraient à l'origine de ce léger recul. Cependant, le prix de l'huile d'olive sur le marché a enregistré une nette hausse pour s'établir autour de 500 dinars le litre. Une tarification dissuasive pour beaucoup de ménage. L'aviculture constitue aussi une filière dynamique. Avec une production annuelle de viandes blanches frôlant les 100 000 q, Béjaïa se place parmi les trois ou les quatre premières wilayas dans ce créneau. Mais, le prix du kilogramme de poulet chez les volaillers oscille étrangement entre 280 et 330 DA. On pourrait dire autant des œufs où les statistiques officielles évoquent une moyenne annuelle de 250 millions d'unités, mais le prix unitaire se maintient, présentement, entre 9 et 12 DA. La comptabilité annuelle de l'administration reste également positive en matière de production laitière (28 à 29 millions de litres), viandes rouges (32 à 33 mille q), agrumes (175 000 q), viticulture (24 à 25 mille q). Idem pour les maraîchages et les fourrages. Même si la céréaliculture ne constitue pas un segment de performance, la dernière récolte de blé et d'orge a été jugée appréciable et de bonne qualité. Avec un rendement légèrement supérieur à 20 q/ha, l'antenne locale de l'Office national des céréales d'Oued Ghir avait engrangé plus de 30 000 q. D'ordinaire, le volume collecté par cet office spécialisé frôle les 25 000 q. Cependant, le secteur de la céréaliculture traditionnelle, qui échappe au circuit de collecte conventionnel, reste toujours pesant avec une production annuelle évaluée à 80 000 q, écoulée directement sur le marché parallèle. Au regard des chiffres et des évaluations faites par la direction de tutelle, la wilaya de Béjaïa assume une vocation agricole certaine. Mais après examen des prix affichés sur le marché, on a l'impression que cette production échappe au contrôle des autorités de régulation. Cela explique, peut-être, le mécontentement des consommateurs qui dénoncent constamment le diktat des spéculateurs dans ce secteur vital.