La décision de la Cédéao d'envoyer une force militaire au Mali, a brouillé les cartes dans le nord du pays et a parasité les efforts engagés pour la libération des diplomates algériens enlevés à Gao. La précipitation de la Cédéao qui justifie sa décision par «la sécurisation des organes de transition au Mali», risque de compliquer la donne dans ce pays fragilisé par le coup d'Etat, le mouvement séparatiste du Mpla et la forte présence de groupes terroristes et armés dans la région nord du pays. Réagissant au conclave d'Abidjan, l'ex-chef de la junte militaire au Mali, le capitaine Amadou Haya Sanogo, a rejeté samedi dernier les décisions prises par les chefs d'Etat ouest-africains, en particulier l'envoi de soldats dans son pays. «Toutes les décisions prises à Abidjan ont été prises sans concertation avec nous», a déclaré le capitaine Sanogo à la presse au camp militaire de Kati, près de Bamako, ajoutant que «je ne suis pas d'accord avec l'arrivée des soldats de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao)». «Aucun soldat étranger ne foulera le sol du Mali sans une demande du gouvernement malien», a affirmé Sanogo. L'ex-chef de la junte a également rejeté la décision de la Cédéao de fixer la période de transition à douze mois, jusqu'à la tenue d'élections présidentielle et législatives, affirmant qu'il prendrait ses «responsabilités» à l'issue du mandat constitutionnel du président malien par intérim Dioncounada Traoré, investi le 12 avril à Bamako. Sanogo se réfère à la Constitution malienne qui prévoit qu'en cas de vacance du pouvoir, le président par intérim doit organiser des élections dans un délai de 40 jours maximum après sa prise de fonction mais l'accord de sortie de crise conclu le 6 avril entre la junte et la Cédéao reconnaissait que ce délai «n'était pas tenable».Cette décision devenue de fait caduque par la position de l'armée malienne, aura discrédité les Etats de l'Afrique de l'Ouest d'autant plus que le nombre de soldats arrêté trahit des intentions loin d'être nettes et sincères. Entre 450 et 500 soldats pour sécuriser la transition dans un pays armé jusqu'aux dents et où le Mnla, le Flna menacent de retourner leurs armes contre toute force étrangère qui foulerait le sol malien. Pourtant, l'Algérie avait aussi, lors de la réunion d'Abidjan, et bien avant cette date, prévenu contre toute intervention militaire au Mali et a plaidé pour une solution politique que seuls les Maliens doivent définir à travers un dialogue inclusif qui prenne en compte les revendications des Touareg, appelés eux aussi à respecter l'intégrité territoriale du Mali. Manifestement, la Cédéao dispose d'un agenda autre que celui qui prend en considération la situation réelle du Mali dans son contexte interne et régional. A. G.