La victoire de l'ES Sétif, mardi à Alger en finale de la Coupe d'Algérie, obtenue après d'âpres débats face au CR Belouizdad (2-1 a.p), a provoqué, au coup de sifflet final de l'arbitre, une énorme explosion de joie, suivie d'une liesse dans les places et rues de la capitale des Hauts-plateaux. Cortèges de voitures klaxonnant à tout-va, youyous fusant des balcons, cris de joie, le tout accompagné de milliers de banderoles à la gloire des camarades de Moumène Djabou, ont marqué la fin de l'après-midi à Sétif, cette ambiance bruyante semblant même partie pour durer une bonne partie de la nuit. De véritables marées humaines étaient, en effet, encore visibles tout autour du lotus géant trônant au centre de la place du 8-Mai 1945, juste en face de la wilaya et, bien entendu, devant la mythique fontaine Aïn El Fouara. Dans les cités populaires de la ville, à l'exemple des quartiers Yahiaoui, Tlidjen, El-Hidhab et ailleurs, des centaines de jeunes, fous de joie, ont investi les rues, conférant une atmosphère d'allégresse rarement observée dans la ville de Sidi El Khier. Même les plus âgés se sont pris au jeu, à l'image de Belkacem Amir (75ans), aperçu non loin de la rue du Fida, au cœur de la ville, dansant et se contorsionnant au milieu de jeunes gens munis d'une zorna et d'un t'bal (tambour), ravis d'avoir provoqué ce spectacle insolite. Non loin de là, à côté du théâtre, Fatma Benergig, une dame âgée drapée à l'ancienne dans une m'laya sétifienne, tape des mains et n'arrête pas de pousser de stridents youyous auxquelles répondent, dans un bel ensemble, des dizaines de femmes massées sur les balcons des immeubles alentours. Abdelkader G. (25 ans), chauffeur de taxi de son état, regrettant encore de n'avoir pu rallier la capitale en raison de ses obligations professionnelles, a du mal à placer un mot, tant il est étreint par une intense émotion. Il réussit néanmoins à lâcher qu'il savait que la coupe ne pouvait échapper à l'ESS. La coupe aime Sétif depuis l'indépendance et ne pouvait pas ne pas venir se faire remplir de l'eau de la fontaine de Aïn El Fouara, glisse-t-il d'une voix que l'excitation fait trembler ; Djamel Gherbi (33 ans) avoue quant à lui qu'il a eu très peur quand le CRB a réussi à égaliser. Je sentais nos joueurs fatigués, surtout qu'ils étaient privés d'Aoudia (sorti par l'entraîneur vers la 70', ndlr), et je ne les voyais franchement pas inscrire un second but. C'est ça la coupe, renchérit Djamel. C'est le genre de matchs qu'il ne suffit pas de jouer, mais qu'il faut gagner. L'Entente l'a mieux compris que le CRB qui reste malgré tout une belle équipe qui a fait honneur à son rang et à sa réputation, ajoute encore cet étudiant en droit avant de rejoindre quelques dizaines de ses camarades, impatients de rejoindre un disc-jockey improvisé tout près de là et dont les baffles diffusent à pleins décibels le célèbre chant à sidi El Khier, Aâmer Lahrar, Terbah El Kahla ou Nahdi Lizar (Oh, Sidi El Khier, gens libres de Aâmer, les Noirs gagneront et nous t'offriront l'étoffe).