Tenus en haleine depuis quelque temps, les Algériens n'ont connu les programmes économiques de la quasi-totalité des partis politiques que lors du lancement de la campagne électorale. Certains partis (Alliance pour une Algérie verte, le RND, FFS, le MPA), ont eu, cependant, l'occasion de présenter leurs programmes lors des rencontres organisées par le Forum des chefs d'entreprises. Que proposent-ils ? Quelle est la vision économique de ces partis ? Sachant pertinemment que la population algérienne est plus encline à la chose économique que politique, les partis politiques participant à ces joutes électorales ont réservé un grand chapitre pour le secteur économique. Ces derniers, toutes tendances confondues, ont dû essayer durant toute la campagne électorale de convaincre les citoyens, peu soucieux des doctrines partisanes mais très attentifs dès qu'il s'agit de l'amélioration de leur situation surtout en matière de pouvoir d'achat, d'emploi ou de logement. Parmi les formations politiques reçues par le FCE, le Rassemblement national démocratique (RND) a axé son programme sur 14 volets et 7 grands axes. Intitulé «Ensemble, confortons la cohésion nationale et bâtissons un avenir commun», parmi les axes dudit programme, figurent l'accès prioritaire de l'entreprise algérienne aux commandes publiques et une plus forte mobilisation du capital public sans pour autant retourner à l'économie étatique. A l'égard du milieu d'affaires algérois, le RND dit «partager la moitié des 50 propositions du FCE formulées dans le pacte économique de croissance». Hôtes du FCE, les trois partis politiques formant l'Alliance de l'Algérie verte, en l'occurrence El Islah, Ennahdha et le MSP, ont présenté, par le biais de Bouguerra Soltani, leurs programmes économiques. Contrairement au grand oral d'Ouyahia marqué par des chiffres et parfois des grandes œuvres réalisées par le gouvernement, l'intervention de Soltani, a certes concerné plusieurs chapitres, mais point d'arguments chiffrés. Le programme de l'Alliance s'articule sur la consolidation des infrastructures de base, la promotion des conditions de l'investissement, la revalorisation de la recherche scientifique et l'assimilation des connaissances économiques et technologiques avancées dans l'intérêt du développement, le soutien aux entreprises économiques publiques et privées, l'élargissement du tissu économique, la révision de la politique du foncier industriel et agricole selon le volume des investissements et les régions. Toutefois, ce qui a marqué l'intervention de M. Soltani est la proposition d'une amnistie fiscale, pourvu que les personnes concernées mettent 2,5 % de leur capital dans le Fonds national de la Zakat. «Nous sommes prêts à tourner la page du passé si les gens qui ont des sacs d'argents cachés chez eux, viennent déclarer leurs avoirs et déposer 2,5% de ce qu'ils possèdent dans le Fonds de la Zakat», selon M. Soltani, qui explique que «cela est le meilleur moyen pour traiter le phénomène de l'informel», du moment que «ces riches ont peur et l'économie nationale ne profite pas de cet argent». Au sujet des 50 propositions récemment présentées par le FCE comme un plan d'urgence pour réaliser la croissance, l'Alliance en a accepté 37 sur les 50. La très attendue intervention de «Monsieur économie» du FFS n'a pas été à la hauteur des attentes des membres du FCE. Car, M. Mohand Amokrane Chérifi, président du comité éthique du FFS, s'est beaucoup attelé à faire des constats. Souvent incontestables en raison de leurs pertinences, les différents constats établis par le parti d'Aït Ahmed, n'ont pas été suivis par des propositions concrètes. Toutefois, le FFS œuvrera, dit M. Chérifi, à mettre fin à «la ségrégation entre les entreprises publiques et les entreprises privées». Précision de taille : la liberté d'entreprendre ne signifie nullement l'ouverture de tous les secteurs à l'investissement privé. Comprendre : l'Etat ne doit pas se retirer de la sphère économique et doit rester présent dans des secteurs stratégiques qu'il doit définir au préalable. «Il faut cesser de parler de promotion des exportations pour un pays qui importe presque tous ses besoins. Le marché national est satisfait par l'importation, on doit d'abord récupérer ce marché», selon le FFS. Et de recommander la constitutionnalisation du dialogue économique et social pour associer la société et les acteurs économiques dans la prise de décision. S. B.