Dans un message de félicitations adressé à François Hollande, après son élection à la présidence française, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a tenu à exprimer à son homologue français sa «pleine disponibilité» à œuvrer «en faveur d'une coopération algéro-française qui soit à la hauteur des potentialités des deux pays et en adéquation avec la dimension humaine de nos relations et du partenariat d'exception que nous ambitionnons de construire», augurant d'un réchauffement des relations entre les deux pays qui ont connu de graves crises sous l'ère Sarkozy. «Les défis auxquels est confrontée la communauté internationale, aujourd'hui, nous invitent à approfondir le dialogue politique entre nos deux pays et à conjuguer nos efforts pour réaliser les objectifs de paix, de stabilité et de progrès auxquels nous aspirons, dans l'espace méditerranéen qui est le nôtre et à travers le monde», a ajouté le chef de l'Etat. Au-delà des usages protocolaires, le message de M. Bouteflika revêt toute une symbolique, au moment où les relations algéro-françaises battaient de l'aile du temps où Nicolas Sarkozy était aux commandes à l'Elysée. Bien qu'elles aient toujours fluctué au gré des conjonctures (et des conjectures de part et d'autre), les relations entre Alger et Paris se sont particulièrement envenimées sous le règne de M. Sarkozy, qui refusait toute idée de repentance. Un point sur lequel la position de son successeur est diamétralement opposée. François Hollande avait, en effet, qualifié les crimes coloniaux français en Algérie de «crimes inexcusables», ouvrant la voie à une éventuelle reconnaissance des crimes coloniaux français en Algérie. C'est d'ailleurs en signe de «reconnaissance» de cette position que François Hollande fut invité, en décembre 2010, par le Front de libération nationale (FLN) pour une visite de deux jours, au cours de laquelle M. Hollande avait rencontré le défunt président Ahmed Ben Bella. François Hollande qui se qualifie d'«ami de l'Algérie», n'avait de cesse de manifester des signes d'ouverture à l'égard de son partenaire du Sud. A la mort d'Ahmed Ben Bella, le mois dernier, M. Hollande a tenu dans un message de condoléances à «saluer la mémoire de M. Ahmed Ben Bella qui fut en 1962 le premier président de la République algérienne et dont nous venons d'apprendre la disparition». Ahmed Ben Bella «restera, pour les Français et pour les Algériens, l'un des symboles d'une étape historique décisive de nos deux pays», avait notamment affirmé celui qui deviendra, peu de temps après, le septième président de la Ve République française. En avril dernier, M. Hollande a dépêché à Alger trois émissaires, à leur tête Benoît Hamon, porte-parole du PS. «On est aujourd'hui une génération qui considère qu'il faut tourner la page et installer la relation entre la France et l'Algérie au niveau qu'elle mérite, pas simplement pour des raisons historiques, mais aussi au regard du poids politique, économique, démographique et de l'influence de l'Algérie», avait notamment déclaré M. Hamon lors d'une conférence de presse, animée en compagnie de Bariza Khiari et Pouria Amirshahi. Y. D.