Le Centre international de presse (CIP), sis à l'hôtel Aurassi, a vécu jeudi au rythme des élections législatives. Des législatives qui se sont déroulées sous l'œil attentif des médias étrangers. Ce scrutin a en effet drainé plus de 230 journalistes étrangers. Journée chargée pour ces journalistes qui ont défilé tout au long de cette journée particulière au CIP, pour faire leurs comptes rendus, après un travail de terrain au niveau des bureaux de vote. Le rôle des médias dans les élections reste prépondérant. D'autant que ce scrutin a des allures de test pour les pouvoirs publics qui ont promis des législatives transparentes et démocratiques. Les législatives vues par les journalistes étrangers, une question que nous avons soulevé avec certains d'entres eux. La majorité estime avoir bénéficié de toutes les facilités nécessaires pour faire leur travail. Un journaliste américain, de l'agence Associated press (AP) se refusera à tout commentaire sur le scrutin: «J'ai reçu des instructions de la part de mon agence, je ne peux pas m'exprimer sur ces législatives», s'est t-il contenté de nous dire. Les autres journalistes que nous avons accostés seront plus loquaces. Ils n'ont pas hésité à nous livrer leur impression sur l'organisation du scrutin. «J'ai fait le tour de plusieurs bureaux de vote au centre-ville, durant la matinée et je peux vous dire qu'il n y avait pas beaucoup de monde. J'ai remarqué un manque d'engouement de la part des citoyens, notamment des jeunes», nous confie Richard Myrenberg, journaliste reporter à Radio Suède. Toutefois, ajoute t-il, rien à dire sur l'organisation : «Tout était en règle, j'ai pu constater l'ambition de l'Algérie de bien faire les choses, en associant un grand nombre d'observateurs internationaux», dit-il, «mais la grande question reste le taux de participation au vote et l'enthousiasme des électeurs : «En fait, la plupart des Algériens que j'ai rencontrés se disent fatigués de la chose politique, ils sont méfiants et ne font plus confiance aux politiciens estimant que le vote ne va rien changer. D'autres, en revanche, ont tenu à accomplir ce geste électoral comme une façon de contribuer au changement, même si au fond, ils se disent conscients que les choses ne vont pas changer du jour au lendemain, que le changement sera long. Mais l'important pour eux est que le processus soit enclenché». Richard Myrenberg estime, par ailleurs, que «l'Algérie est un cas à part, bien différent de la Tunisie, l'Egypte et la Libye». Selon lui, «à cause des événements tragiques de la décennie noire, l'islamisme n'a pas une connotation très positive». «L'Algérie, c'est une exception au printemps arabe…Je pense que la révolte dans votre pays se fera de façon pacifique, car en dépit de l'histoire sombre que vous avez vécu, il y a eu un processus de libéralisation, des réformes politiques, contrairement aux régimes dictatoriaux en Tunisie, en Egypte ou en Libye», explique encore ce journaliste suédois qui séjourne en Algérie jusqu'à demain dimanche. De son côté, Abdelhamid El Mourabet, journaliste à la chaîne de télévision marocaine 2M, estime que ce scrutin est suivi de près par les Marocains qui ont des liens étroits avec le peuple algérien. «Ce rendez-vous électoral revêt une importance capitale pour l'Algérie, c'est aussi un événement capital pour toute la région du Maghreb», précise t-il. «Nous souhaitons que ces législatives soient une amorce des réformes engagées en Algérie et que tout se déroule de manière pacifique. Pour ce qui est du vote, il y a des divergences de vues à respecter, ceux qui sont convaincus par ce geste électoral et ceux moins motivés», souligne ce journaliste marocain. Pour sa part, Ziad Abu Khoussa, de l'agence palestinienne Fact News, dit d'emblée avoir constaté une faible affluence des électeurs aux bureaux de vote et le peu d'intérêt des Algériens. Mais le vœu de tous ceux qu'il a accosté est pour une Algérie forte, sereine et prospère, d'autant que «l'Algérie joue un rôle important dans le monde arabe». De gros moyens techniques ont été mis en place au CIP pour permettre aux journalistes d'assurer la couverture médiatique. Une quarantaine de PC et 50 ordinateurs portables connectés à Internet à haut débit, un réseau Internet sans fil (wifi), des lignes téléphoniques et des fax ont été mobilisés. Olivier Lalo, news producer à Eurovision (union européenne de radio- télévision), dont l'Algérie est membre depuis 1969, indique que toutes les dispositions ont été assurées au niveau du CIP, «nous travaillons en collaboration avec la TDA (Télédiffusion d'Algérie) pour permettre la transmission et la diffusion de l'information en temps réel et la couverture télévisuelle des élections législatives en Algérie». Nessma TV s'est distinguée. La chaîne tunisienne privée a installé, au niveau de l'hôtel Aurassi, un plateau télé pour diffuser des programmes en direct pendant 12 heures, avec la participation d'un panel d'invités, représentant des partis politiques et autres personnalités médiatiques. A. B.