Photo : Riad Par Abdelkrim Ghezali 42,36% de participation semble faire le bonheur des pouvoirs publics qui y voient un taux appréciable. Excepté celles de 2007 qui reflétaient l'expression de la volonté des électeurs aussi bien des votants que des abstentionnistes, les législatives ont toujours fait l'objet de manipulations et de fraudes massives notamment par rapport au taux de participation gonflable à volonté. La satisfaction affichée aujourd'hui, est une reconnaissance implicite de l'illégitimité des législatures précédentes. Quant au taux de participation de 42,36%, il est plus que normal au vu de la nature de ces élections et ce à l'instar de ce qui se passe partout dans le monde dans ce genre de consultations électorales qui connaissent des taux de participation faibles en comparaison avec ceux des élections locales et présidentielles. Les électeurs se sont prononcés et ont opté pour la stabilité à travers la continuité. La reconduction du courant nationaliste représenté par le FLN et le RND, force politique du pays révèle en premier lieu le rejet des islamistes qui se présentaient à la veille du 10 mai, comme victorieux et ont même commencé les consultations pour la désignation du nouveau gouvernement. Si l'Alliance verte, regroupant trois partis, est réduite à sa dimension réelle, le plus grand perdant est incontestablement le PJD de Abdallah Djaballah.Ce dernier se sentait tellement fort qu'il a refusé toute alliance.Quant au courant démocratique, il a démontré son incapacité à élaborer une stratégie électorale payante, allant d'une alliance conjoncturelle, au choix des candidats crédibles, à un discours politique rassurant, au marketing politique à la mesure de ses prétentions. En tout état de cause, les résultats des urnes ont démenti les pronostics fantaisistes de certains «observateurs» étrangers dont les analyses se sont déjà révélées farfelues, aussi bien sur la contagion dudit «printemps arabe» que sur la déferlante islamiste qui a touché la Tunisie, le Maroc et l'Egypte. Ainsi, l'exception algérienne s'est confirmée et les électeurs algériens qui ont exprimé leur volonté à travers les urnes ont opté pour la stabilité et la continuité. Le FLN avec ses 220 sièges et le RND avec ses 68 élus, vont gouverner à travers une alliance nationaliste avec une majorité absolue et n'auront pas besoin d'un autre soutien. A ce titre, le MSP et, par ricochet, l'Alliance verte, passera dans l'opposition et quittera le gouvernement après avoir rompu le pacte de l'Alliance présidentielle croyant que le «vent vert» ayant soufflé sur certains pays de la région, allait lui ouvrir la porte du pouvoir. Soltani devra rendre compte de sa cécité politique d'autant plus que l'Alliance verte risque de ne pas résister au retour du boomerang après cet échec cuisant. A la lumière des résultats de ces législatives, une recomposition du champ politique national n'est pas à écarter, d'autant que beaucoup de mythes se sont écroulés. Le fait inédit et qui constitue une première mondiale, est le nombre de femmes qui siégera dans l'hémicycle. 145 femmes investiront l'APN et imposeront leurs voix brisant ainsi le machisme traditionnel dans les institutions algériennes. La question qui se pose est de savoir si ce taux de représentativité féminine à l'APN sera reconduit au sein du futur gouvernement FLN-RND.