Ould Kablia lors de sa conférence de presse Le Front de libération nationale dépasse de loin le RND et l'Alliance de l'Algérie verte. D'aucuns ont pourtant prédit un naufrage du parti. L'urne a eu raison de tous les pronostics. Contre toute attente, le Front de libération nationale (FLN) a remporté la majorité des sièges de la prochaine Assemblée. Sur les 462 sièges que compte l'APN, le FLN en a remporté 220 dont 68 femmes. Personne ne s'attendait certainement à ce score astronomique, annoncé, hier, par le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, au cours d'une conférence de presse à Alger. La vague verte que d'aucuns annonçaient imminente, n'est donc pas passée par l'Algérie. Les partis islamistes n'occupent même pas la deuxième place du tableau. Car, le dauphin du FLN n'est autre que son allié, le Rassemblement national démocratique (RND) avec 68 sièges dont 23 femmes. En troisième position, vient l'Alliance de l'Algérie verte avec seulement 48 sièges dont 15 femmes. Cela confirme, si besoin est, que la mouvance islamiste est laminée et ne bénéficie plus de la confiance des Algériens, au même titre d'ailleurs que les partis de l'opposition qui ont participé aux élections. Il n'y aura donc pas de reconfiguration politique de l'APN puisque la même composante est reconduite. Mais comment le FLN, un parti pourtant décrié par les Algériens, a-t-il remporté la majorité des sièges? Le ministre de l'Intérieur donne un bout de réponse. Selon lui, les Algériens ont voté pour les islamistes en 1990 pour sanctionner le FLN et en 2012, ils ont renversé la vapeur pour opérer un «vote refuge» en faveur du FLN. Il faut dire que le fort taux d'abstention a, lui aussi, joué en faveur du FLN, dont les militants étaient tous mobilisés durant ces élections. Le FFS n'a conquis que 21 sièges dont 7 femmes. Vient ensuite le PT avec 20 sièges (10 femmes) suivi des indépendants avec 19 députés (5 femmes). Les nouveaux partis sont broyés par la machine des partis de l'ex-Alliance présidentielle et la majorité d'entre eux n'ont décroché aucun siège. Le meilleur résultat est réalisé par le Front de la justice et de développement (FJD) d'Abdallah Djaballah, qui a obtenu 7 sièges dont une femme. Le Mouvement populaire algérien (MPA) de Amara Benyounès sera représenté par 6 députés. Quant à Abdelmadjid Menasra et son Front du changement (FC), le résultat est éloquent: 4 sièges. Plus de 1,6 million de bulletins nuls Le ministre de l'Intérieur a annoncé que le taux de participation est de 42,36%. Sur un nombre de 21.664.348 inscrits, il y a 9.178.056 votants. Selon M.Ould Kablia, 1 668 507 bulletins nuls. Dans la prochaine Assemblée, les femmes seront représentées par 145 députées, soit 31,39%. Quant au taux d'abstention, il est de l'ordre de 57,64%. Interrogé sur ce fort taux d'abstention malgré les appels pressants au vote, le ministre de l'Intérieur n'a pas été par quatre chemins pour dire qu'il était prévisible. «Il était prévisible qu'il y ait une abstention, les Algériens se sont habitués à ne pas voter lors des élections législatives», a justifié M.Ould Kablia en précisant que cela n'est pas propre à l'Algérie. Le plus important, à ses yeux, ce sont les résultats satisfaisants par rapport aux échéances précédentes. Revenant sur les noms des candidats qui ne figurent pas sur les listes électorales, le ministre a renvoyé la balle dans le camp des partis. «Il y a un parti qui nous reproche de ne pas mettre le nom des candidats sur la liste», a-t-il affirmé en faisant allusion au parti de l'opposition, le FFS. «Je sais de qui je parle, un parti qui n'a pas voté depuis 30 ans», a-t-il fini par lâcher. Pour lui, l'administration n'a aucune responsabilité dans ce cas de figure et c'est au parti politique de vérifier ses dossiers. Quant aux personnes qui n'ont pas trouvé leur nom sur les listes électorales, le ministre a opté pour la réponse la plus simple. «Ces personnes n'ont qu'à s'en prendre à elles-mêmes», a-t-il dit en rappelant que l'administration a commencé à sensibiliser les gens sur l'inscription aux listes électorales depuis une année. En réponse aux accusations de l'Alliance verte qui crie à la fraude, l'orateur rappelle qu'il y a une commission de contrôle des élections et ils n'ont qu'à déposer des recours. Argumentant ses propos, le ministre souligne que l'administration a consacré tous les moyens et elle a fait appel à des observateurs internationaux pour assurer la transparence de ce scrutin. A propos du fichier électoral et la polémique qui a enflé avec les observateurs européens, M.Ould Kablia a écarté tout problème. «On ne leur a jamais refusé l'accès au fichier électoral», a-t-il martelé en expliquant que son département a refusé de remettre sur support le fichier électoral. «Aucun pays au monde ne donne la liste de son corps électoral», a-t-il soutenu en assurant toutefois qu'il n'y a pas eu d'interdiction d'accès au fichier électoral. Pour clore ce chapitre, le conférencier dira que «le fichier national électoral est la propriété des électeurs et non pas du ministère de l'Intérieur». M.Ould Kablia refuse toute ingérence étrangère. «Aucune partie étrangère n'a le droit de dicter ses lois à l'Algérie», a-t-il indiqué. En réponse à une question sur les moyens de prévenir l'Algérie contre un éventuel printemps arabe, le ministre persiste et signe que «ce n'est pas aujourd'hui qu'une force étrangère nous montrera ce qu'il faut faire». Et d'ajouter: «Aucune force ne pourra dicter ses lois et dire quoi faire à un pays qui a mené une guerre de Libération et a souffert des affres du terrorisme.»