Vahid Halilhodzic bouscule la maison des Verts. Depuis sa désignation à la tête de l'équipe nationale, il a révisé, à sa manière, toute la philosophie d'une sélection plus encline à créer un esprit de famille qu'à produire du beau jeu. Et Vahid le Bosniaque n'est pas un sentimental, ni un paternaliste à la recherche d'affection. Ses premières paroles en tant que sélectionneur de l'EN donnaient déjà le LA sur sa perception des choses : «En sélection, je demande implication, rigueur et fidélité. Celui qui ne respectera pas ça, sera remercié tout de suite», déclarait-il le 2 juillet 2011. Le ton était donné et la suite des évènements a prouvé que ce n'était pas des paroles en l'air. Plus de chichis. Exit la starification des joueurs. Une défection non justifiée pour un regroupement et le footballeur «incriminé» est mis sur une voie de garage. «Je n'accepterai aucun joueur qui demanderait à mettre sa sélection en veilleuse», dira-t-il après le retrait de certains capés. Dans la nouvelle maison des Verts, l'engagement doit être total. Avec Halilhodzic, les états d'âme d'un professionnel ne sont pas les bienvenus. «Les supporters méritent mieux que ça», déclarait-il récemment au sujet des joueurs qui ont pris leurs distances avec l'EN pour des raisons «personnelles». Vahid- baptisé Wahid par les fans de l'EN, ce qui signifie «Solitaire»- fait de l'appartenance au groupe une démarche de «don de soi». Et il en réclame beaucoup. Les stages successifs à effectifs réduits ont soulevé des interrogations parmi les professionnels et autres analystes de la discipline. Sans ciller, le sélectionneur fait valoir l'importance de la préparation physique des joueurs à la veille d'un mois de juin riche en rencontres décisives pour la CAN-2013 et la CM-2014. Il essaye ainsi de transformer la fougue d'une sélection réputée pour son ardeur en puissance. Il est vrai qu'on joue avec son cœur, mais surtout avec ses muscles. D'autant que les lacunes sont nombreuses. «J'ai noté sur un carnet, sur deux pages entières, les faiblesses défensives et offensives de l'équipe. C'est l'équivalent de quatre ans de travail en équipe nationale et deux ans en club pour tout arranger. Il y a un vrai problème de discipline tactique, les joueurs gardent trop la balle», expliquait-il après la déroute de l'EN au Maroc, le 4 juin 2011 (4 à 0).Reste à savoir si la méthode Halilhodzic réussira, en moins d'un an, à donner des résultats palpables. Et si l'équipe nationale algérienne fonctionnait mieux avec les muscles qu'avec les tripes ? S. A.