Il aura suffi de rassembler un djembé, une guitare, des percussions et les membres de la troupe marocaine mythique Lemchaheb sur la scène pour mettre le stade Ennasr de Béchar sens dessus-dessous. Vendredi dernier, la soirée d'ouverture de la 6e édition du Festival national de musique diwane a fait l'événement dans la ville du Sud-Ouest algérien. Le festival a déjà sa place bien acquise dans le cœur de la population locale, et il est suivi de très près par les jeunes. Mais pour l'édition 2012, les organisateurs ont frappé fort en conviant à cette soirée d'ouverture Lemchaheb du Maroc. Avec Abdelouaheb Zouak, Tarek Benaïssa, Djamel Moutawkil, Mohamed Hamadi et Chadli Moubarek, le groupe Lemchaheb est à sa 3e génération d'artistes, ce qui ne l'a pas empêché d'enflammer la scène et les cœurs de ses fans venus très nombreux ce soir-là. Le Tout-Béchar s'est déplacé au stade Ennasr, qui, évidemment, ne pouvait contenir ce déferlement sans quelques débordements. La soirée ne tardera pas à virer au cauchemar pour les organisateurs, surtout le service d'ordre.En raison de la chaleur, c'est vers 22h que les concerts du festival sont programmés. Pour ce premier soir, dès notre arrivée sur les lieux, on a constaté que la soirée sera chaude, pas de la chaleur du climat. Le stade est archicomble. Les fans de Lemchaheb se sont manifestés en masse et ont envahi gradins et terrain, surtout qu'un membre du groupe, Tarek Benaïssa, est natif de Béchar. Ils ne tarderont pas à déborder sur l'espace de sécurité. Jeunes et vieux, femmes et enfants, ils étaient tous là. Le manager de Lemchaheb monte sur scène pour présenter les artistes, et, en leur nom, exprimer leur gratitude envers leurs fans algériens. Vêtues de leurs tenues de scène, ces célèbres longues tuniques rouges aux motifs de flammes, Lemchaheb rejoignent la scène sous une avalanche d'applaudissements. L'admiration que voue le public au groupe marocain se fait très vite sentir. Cris et larmes accompagnent l'entrée des artistes. Les jeunes étaient très émus par la présence de leurs idoles. Après les avoir salués, les artistes entament la soirée en grande forme promettant d'interpréter une douzaine de morceaux de leur répertoire connu de tous. Mais dès que les premières notes se font entendre, les jeunes se ruent vers la scène envahissant ainsi tout le stade. Un véritable raz-de-marée humain. Incontrôlables, les jeunes rendent très vite la situation ingérable pour le très peu d'agents du service d'ordre présents sur les lieux et qui sont littéralement débordés. Les agents de l'ordre tentent de refouler les jeunes vers la piste qui leur est réservée, mais ils n'y parviennent pas. Impossible de négocier avec une foule surchauffée. Intraitables, les jeunes reculent un tantinet mais dès que la musique reprend ils reviennent, et ils gagnent du terrain jusqu'à se retrouver au pied de la scène, mettant en péril le matériel technique. Désemparés, les responsables techniques ne trouvent d'autre solution que de menacer d'arrêter le concert si les jeunes ne sont pas contenus et éloignés de la fosse où sont installées les enceintes. Le manager de Lemchaheb trouve une parade. Il annonce au public que le groupe fait une pause et, profitant de cet intermède, il prie les jeunes de respecter les règles de sécurité et le service d'ordre. L'ambiance est très tendue. Mais dès le retour de Lemchaheb sur scène les esprits s'apaisent. Ça sera pour une courte durée et le flux de la foule revient. Trois jeunes arrivent même à se faufiler et monter sur scène. La situation était prévisible et les organisateurs, connaissant la popularité de la troupe marocaine, auraient dû prendre leurs dispositions et mettre en place un service d'ordre conséquent.Toutefois, exception faite de ces débordements, Lemchaheb a offert à Béchar, ce soir-là, un concert mémorable, digne de sa renommée. Les musiciens se sont montrés plus généreux que jamais. Avec le public, qui connaît tous leurs titres sur le bout des doigts, comme chœur, les musiciens de Lemchaheb ont donné un véritable show ghiwani avec au programme Ya Latif, Palestine, Hakmet lakdar et bien d'autres succès. Très à l'aise sur scène, les artistes de Lemchaheb partagent une véritable passion et complicité avec leur public, cela se fait sentir d'ailleurs dès le premier contact. C'est d'ailleurs ce feed-back entre artistes et public qui a permis d'éviter l'irréparable. Le respect et l'admiration qu'ont le jeunes pour le groupe marocain qui est connu depuis toujours dans la région, au même titre que les deux autres groupes ghiwan marocains, Nass El Ghiwan et Djill Djillala, a permis aux musiciens de Lemchaheb d'avoir un ascendant sur le public et de le contenir. Le Festival national de musique diwane se poursuivra au stade Ennasr de Béchar jusqu'au 24 mai. W. S.
Le festival dans les rues Pour la première fois, et ce, depuis son instauration, le Festival national de la musique diwane a investi les rues de Béchar lors de sa soirée inaugurale. Une parade du carnaval Karbaichou, événement propre à la région de Kenadssa, a sillonné, vendredi dernier, les ruelles de la ville. Partis de la mosquée de Béchar, les participants ont su accrocher les habitants qui étaient nombreux à admirer leurs beaux costumes de gnawas et déguisements d'animaux.