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Le patriotisme économique, la parade
A l'heure où les économies mondiales sont en crise financière
Publié dans La Tribune le 27 - 10 - 2008


Photo : Riad
Par Mohamed Bouhamidi
La décision d'interdire l'importation des médicaments produits en Algérie diminuera de façon substantielle la facture de 1,7 milliards de dollars, dont 75% au profit des produits français, que notre pays a honorée en 2007. En ces temps de crise et de prévision de contraction des rentrées financières la mesure pèsera de tout son poids pour alléger le fardeau de nos dépenses en devises.
Elle corrige une aberration qui a rendu perplexe plus d'un observateur : la mise sous éteignoir de la loi qui imposait à tout importateur de médicament de passer de l'importation nette à la production sur le territoire national du médicament importé. Elle corrigera certainement en partie cette autre aberration que la CNAS qui favorise quelquefois le médicament importé à celui fabriqué sur le sol national. Elle ne réglera pas tous les problèmes, notamment les jeux complexes qui permettent à une commission nationale du médicament de préférer des médicaments discutables et nettement plus chers à des produits mieux éprouvés comme c'est le cas dans le domaine de la psychiatrie. Elle ne résoudra certainement pas le problème de l'interpénétration entre délégations médicales et milieux hospitaliers en dépit de règles de déontologie, pourtant explicites, mais elle peut dévoiler au profit d'une conscience des intérêts nationaux que, toujours, les intérêts des firmes internationales s'articulent sur des intérêts de castes à l'intérieur de pays obnubilés par des profits immédiats et faciles au détriment du destin national de l'ensemble des couches sociales de notre pays. L'ampleur de la crise qui s'annonce menace de tout emporter par ses conséquences sociales et politiques et met brutalement sur la table la question du choix entre intérêts sectoriels et intérêt national. L'exemple vient justement de ces puissances qui, par accords d'association, projet de zones de libre-échange -comme dans l'Union pour la Méditerranée-, conseillent de privatiser, de déréguler, de déréglementer pour laisser la place libre aux seuls mécanismes d'«autorégulation du marché». Toutes leurs professions de foi, leur credo, le langage définitif qu'elles nous tenaient sont passés à la trappe pour laisser place à une intervention massive des Etats.
1 400 milliards d'euros en Europe, 1 400 milliards de dollars aux Etats-Unis -et les chiffres ne sont pas définitifs– ont été mobilisés pour «sauver» les économies en danger, en réalité pour sauver le capitalisme, les banques et secondairement l'industrie réelle. Comme paraissent dérisoires les milliards de dinars engagés pour aider le secteur public algérien à se sortir de mauvaises passes qui ne furent pas toujours de son fait et que les relais locaux du libéralisme nous ont présentées comme pure perte quand il serait plus avantageux pour nous d'importer des tracteurs de Simotra, des cuisinières de l'Eniem, des téléviseurs de l'Enie, des camions et bus de la Sonacome, des engins de travaux publics de Sidi Bel Abbès, du concentré de tomate de la filière de la tomate industrielle, des cuirs et textiles de nos industries manufacturières anciennement exportatrices, et j'en oublie évidemment. Il faudra bien faire le bilan économique comparatif, un jour, des orientations de Boumediene basées sur l'idée d'une indépendance économique nationale qui arrivait à exporter hors hydrocarbures et avait réalisé 60% du PIB hors hydrocarbures avec les 60% tenus aujourd'hui par le gaz et le pétrole dans la formation de notre PIB et des
exportations squelettiques alimentées aussi par le vol des câbles électriques.
Cette décision prend les allures de mesure phare dans les tempêtes financières promises par la crise actuelle et la certitude d'une récession mondiale qui s'affirme autrement plus grave que les premières estimations et qui fera plonger aussi bien les prix du baril que la consommation, conjuguant sur nos têtes la double menace de vendre moins de pétrole et de le vendre moins cher. Mais cette économie immédiate de plusieurs centaines de millions de dollars est possible car, justement, par obstination et par courage, des pans entiers de l'industrie pharmaceutique publique ont pu «tenir le coup», se développer malgré les coups bas et les sabotages, arriver à produire du générique grâce à ces compétences nationales tant décriées. La seule histoire de l'usine d'insuline pourrait servir de leçon pratique sur le sabotage insidieux des multinationales et de leurs relais.
Parce que adossée à une industrie maintenue vivante par une volonté exemplaire de quelques hommes, cette mesure sur le médicament peut être reproduite telle quelle dans les autres secteurs ou avec des
aménagements.
Car, derrière cette mesure, il ne s'agit pas seulement de faire des économies en devises, il s'agit avant tout de redonner vie aux perspectives d'emplois pour les jeunes dans tous les secteurs. Il faut redonner leurs chances à nos camions, nos bus, nos minibus, nos tracteurs, nos engins de travaux publics, nos téléviseurs, nos cuisinières, nos chauffe-eau, notre cuir, notre chaussure. Malheureusement ce sera infiniment plus difficile pour l'agriculture tant sa destruction morale et physique est avancée par les orientations appliquées et par les méthodes inqualifiables de gestion des fonds de soutien. Car, bilan pour bilan, examinons celui des orientations ultra libérales et leurs résultats désastreux sur la société et leur cohésion sur le chômage grandissant, les débouchés nuls pour les diplômés, et le rêve algérien d'être libre dans un pays. Examinons aussi cette idée que la misère est le prix à payer à une prospérité future qu'engendrerait obligatoirement le libéralisme avec cette question simple : pourquoi devrions-nous payer, nous petit peuple, ce prix pendant que les prêtres de cette religion de l'argent se rempliraient les poches ? Auraient-ils fait plus que les autres pendant la guerre d'indépendance pour s'octroyer ce droit ? La réalité de la crise montre que cette idéologie du libéralisme est du mensonge, du pur mensonge. Non seulement les Etats dominants interviennent de façon souterraine ou déclarée dans la vie économique en adoptant les lois qui arrangent leurs grands financiers et industriels, en subventionnant directement ou indirectement les produits agricoles et industriels, en finançant la recherche, etc., mais ils ferment des pans entiers de leurs activités économiques aux étrangers. Robert Reich, qui sera ministre du Travail de Bill Clinton, écrivait : «Il n'y aura plus de technologies ni de produits nationaux. Il n'y aura plus d'économies nationales […]. Un seul élément restera enraciné à l'intérieur des frontières du pays : les individus qui constituent la nation.» C'est joliment dit. Il n'existera plus au 21ème siècle de frontières, d'Etats nationaux mais des marchés libres de toute contrainte. Voilà ce que nous ont proposé nos ministres libéraux. Exit la patrie, l'Etat, les secteurs stratégiques, le secteur public. Pis, en pleine crise économique des «experts» continuent à nous proposer des fonds souverains et d'acheter des entreprises aux Etats-Unis. Hier encore, dans la presse nationale, un expert du CNES s'évertuait à nous présenter la crise sous l'angle des solutions proposées par les Européens et les USA, des solutions centrées sur la question de la monnaie et d'une certaine réglementation. Comme si le discours de base du libéralisme était un discours de réalité, un discours vrai et pas un tissu de mensonge.
Les partisans du libéralisme ont l'argument facile que le protectionnisme, le nationalisme en matière d'économie, est un discours du passé et que, dans la mondialisation actuelle, ce serait mortel. Mortel pour qui ? pour les masses de pauvres qui gagneraient à couper avec la logique infernale du profit ou pour leurs rêves de s'insérer, en sous-traitants, dans le casino mondial qu'est devenu le capitalisme aujourd'hui. A ceux qui décrient le nationalisme économique, il faut rappeler cette année 2005 au cours de laquelle Dominique de Villepin avait invoqué le nationalisme économique pour s'opposer à une fusion qui risquait de «manger» Danone. Voici ce qu'il déclarait : «Je souhaite rassembler toutes nos énergies autour d'un véritable patriotisme économique. Je sais que cela ne fait pas partie du langage habituel mais il s'agit bien de […] défendre la France et ce qui est français.». Qui ne fait pas partie du discours habituel, comprenez celui qui est servi aux gogos que nous serions. Pourquoi l'accord d'association avec l'Union européenne ouvrirait-il nos frontières aux produits français quand un dirigeant français en appelle au patriotisme pour défendre les produits français. Que peuvent répondre nos ministres libéraux à une telle position. Rien. Quand aux chantres des fonds souverains, il faut leur rappeler que les lois européennes ferment des secteurs entiers aux investisseurs étrangers. 16 secteurs en Allemagne.
Pour la France, lisez cet extrait d'un article paru dans le numéro 885 de la Revue parlementaire : «Le gouvernement [français, ndlr] a finalement publié le 31 décembre dernier au Journal officiel le décret faisant état de la liste des onze secteurs stratégiques à protéger des investissements étrangers. Pour les investissements provenant des pays de l'Union européenne, sept activités à protéger sont visées par ce décret : casinos, sécurité privée, recherche et production d'agents pathogènes et armes chimiques, matériel pour l'interception de correspondance et la détection à distance des conversations, technologies de l'information [sécurité] nécessaires à la lutte contre le terrorisme et la criminalité, à la défense ou à double usage. Quatre autres secteurs ont été ajoutés pour les investissements provenant de pays tiers : cryptologie, activités liées aux marchés classés secret défense, recherche et production d'armes, munitions et substances explosives, étude et équipement au profit du ministère de la Défense.» Tiens, la France, l'Allemagne et les autres grands pays possèdent des secteurs stratégiques ? Quand on pense que le plus libéral de nos ministres déclarait en 1999 qu'il n'y a pas de secteurs stratégiques protégés en Algérie, y compris Sonatrach, au nom des théories professées par des pays comme la France ! Et il ne s'agit pas d'une erreur médiatique de Dominique de Villepin. Dans le même article, nous apprenons que «le président français a obtenu que soit rayée du traité de Lisbonne la référence à la ‘‘concurrence libre et non faussée'' en tant qu'objectif de l'UE». Quant aux grands prêtres du libéralisme que sont les Etats-Unis, un Comité pour l'investissement étranger est chargé d'évaluer les acquisitions d'entreprises américaines et chacun se souvient de la rebuffade essuyée par un fonds souverain qui tentait d'acquérir la
gestion d'un port américain.
Notre nationalisme économique n'est pas plus ringard que le patriotisme économique des grandes puissances. Et que je sache, le patriotisme économique n'est pas une notion d'économie mais de souveraineté nationale, un concept politique dont on a voulu nous dessaisir au profit de la domination impériale. C'est cela le fond du problème et rien que cela : la nation algérienne est-elle en droit de définir ses politiques, ses démarches, ses orientations sociales et économiques sur la base des seuls besoins de son peuple et de sa pérennité ? Alors vive le nationalisme économique et pas moins que leur patriotisme.


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