Photo : Riad Par Younès Djama Le mouvement cyclique de protestation des travailleurs issus des quatre Centres de recherche nucléaire (CRN) du pays, sera suspendu pendant deux semaines, soit «le temps qu'un nouveau gouvernement soit formé», ont indiqué hier les chercheurs rassemblés devant le siège du ministère de l'Energie et des Mines (MEM). Cette décision fait suite au silence observé par le ministre en charge du secteur, Youcef Yousfi, pourtant interpellé à maintes reprises. Au cours du rassemblement d'hier, les chercheurs ont demandé audience auprès du ministre. En vain. Au cours de ce sit-in, auquel ont pris part plus de 200 travailleurs et chercheurs des Centres de recherche nucléaire (Alger, Draria, Berrine et Tamanrasset), les protestataires ont réitéré leur appel pour la révision de leur statut particulier, l'un des principaux points inscrits sur leur plateforme de revendications. Le statut particulier du personnel, dont la première version date de décembre 2008, «n'a guère évolué», estiment les chercheurs permanents des Centres de recherche nucléaire, regroupés sous la bannière de l'Ugta à travers le Syndicat national des chercheurs permanents (Sncp). «Nous sommes confrontés à un mutisme total de la part de notre tutelle (ministère de l'Energie et des Mines) alors que nous avions alerté le ministre depuis plus d'une année et que les travailleurs protestent depuis 4 mois», déclare une source autorisée du syndicat des chercheurs permanents. Et d'ajouter à propos du rassemblement : «Nous voulons attirer l'attention des plus hautes autorités de l'Etat pour que la signature de ce statut soit gelée, à titre conservatoire, jusqu'à ce que les revendications des travailleurs au sujet de ce statut soient satisfaites.» Les chercheurs des CRN ne doivent pas être marginalisés, sur le plan statutaire, du reste de la communauté nationale des chercheurs permanents des institutions publiques de recherche, tous secteurs confondus et indépendamment de leurs ministères de tutelle. Le traitement global de ce dossier, par l'administration du Commissariat à l'énergie atomique (Comena), est tellement «opaque» que cela a suscité chez les chercheurs permanents des doutes «quant à l'authenticité des documents consultés». Mais ce qui intrigue le plus ces chercheurs, c'est le refus de Youcef Yousfi de répondre à leurs différents courriers face à ce qu'ils appellent le «diktat» de l'administration du Comena, qui chapeaute les quatre centres. «Le conflit n'ayant connu aucune suite ou réponse de la part du Comena, les revendications se focalisant surtout sur le statut des personnels, élaboré en vase clos sans l'association et l'approbation des partenaires sociaux. Nous sommes confrontés à un mutisme total de la part de notre tutelle», confie l'un des chercheurs. «La révision du statut, si révision il y a eu, s'est déroulée sans associer les chercheurs permanents représentant les différentes structures et la version éventuellement révisée du statut n'a pas été transmise aux personnels et aux commissions de synthèse, pour vérifier que l'ensemble des propositions a été bien saisi et pris en compte.» Les chercheurs permanents rappellent que l'avant-projet de statut qui leur a été préalablement soumis par l'administration du Comena, s'articulait uniquement sur l'aspect salarial «au détriment de la mise en valeur et l'épanouissement de la ressource humaine». Cette approche basée strictement sur l'aspect salarial, estiment-ils, est réductrice de l'activité de recherche et de la vocation des chercheurs. Le collectif des chercheurs permanents suggèrent qu'«au lieu d'une gestion basée sur l'opacité, un cadre de dialogue et de concertation, en associant toutes les compétences du secteur, aurait certainement permis, depuis décembre 2008 (date de la promulgation du tout premier statut particulier, Ndlr), la finalisation du dossier du statut au plus grand bénéfice du personnel et de la stabilité de l'institution». Les chercheurs préviennent que du fait d'une instabilité chronique dans le secteur, des départs massifs vers l'étranger ne sont pas exclus. «En une année déjà, une dizaine de départs ont été enregistrés», note un chercheur du Centre de recherche en énergie nucléaire d'Alger (Crna).