Le statut particulier des chercheurs en nucléaire actuellement au niveau du secrétariat général du gouvernement (SGG) est contesté «et dans fond et dans le forme» par les concernés qui l'assimilent à un «Code pénal». Ils demandent, à ce titre, la révision dudit statut concocté par la tutelle, c'est-à-dire l'établissement public national à caractère de recherche, de promotion et de développement de l'énergie et des technologies nucléaires (Comena) laquelle n'aurait pas pris en compte les recommandations des chercheurs consignées sous forme de plateforme. Les chercheurs en colère dénoncent l'obstination de l'administration du Comena quant à ouvrir les portes du dialogue, essentiellement pour discuter du statut particulier des chercheurs en nucléaire (pourtant consacré par un décret du 1er décembre 1996). Ils reprochent, également, à leur tutelle son refus à reconnaître leur section syndicale pourtant «créée légalement et en respect des règles», sous l'égide de l'Ugta. Après maints courriers et correspondances adressés aux parties concernées pour revendiquer un statut particulier propre à eux, ainsi que le libre exercice syndical, les chercheurs en nucléaire du Centre de recherche nucléaire d'Alger (Crna) ont lancé un préavis de grève pour, essentiellement, inciter la tutelle à ouvrir les canaux de dialogue. Peine perdue. En guise de réponse, l'administration du Comena a intenté une action en justice contre les protestataires. Rencontrés, hier, au niveau du tribunal Abane-Ramdane, les chercheurs du Crna, dont des directeurs de recherche et des maîtres de recherche, avaient rendez-vous avec le juge dans la salle 2 du tribunal. Finalement, la juge a décidé du report de l'«affaire» au 9 avril prochain. Loin de s'avouer vaincus, les chercheurs ont manifesté leur détermination à imposer le gel du statut «version Comena». Ils ont remis en cause la confection de leur statut particulier dont la version finale leur est totalement méconnue. «Nous ignorons tout de la version finale qui a été envoyée au gouvernement. Le texte, que nous rejetons et dans le fond et dans la forme, doit être gelé afin que nous puissions en rediscuter à nouveau», affirme Salim Rekab, chercheur au Crna et membre de la Section syndicale des chercheurs permanents (Sscp) affiliée à l'Ugta. Et d'enchaîner : «La tutelle (le Comena, ndlr) qui n'a jamais reconnu l'existence de notre syndicat depuis sa création s'est aussitôt empressée de nous intenter une action en justice lorsque nous avons déposé un préavis de grève. Si elle a agi de la sorte, c'est qu'elle est à court d'arguments et ne pouvant trouver de solution à nos revendications». «Notre place est dans les centres de recherche et non pas ici dans un tribunal. Au lieu de nous écouter, la tutelle préfère faire la sourde oreille et nous traîner dans les tribunaux», dénonce notre interlocuteur, qualifiant l'attitude de l'administration du Comena à leur égard de «mépris total». Selon lui, en l'espace d'une année, dix chercheurs ont pris le chemin de l'exil faute de débouchés. À noter, aussi, que les chercheurs du Centre de recherche nucléaire de Draria (Crnd) avaient également rendez-vous avec le juge pour les mêmes motifs. Le directeur de ce centre a déclaré que les deux syndicats du Crna et du Crnd ont élaboré une liste commune de revendications dont des copies ont été envoyées au Premier ministre, au ministre de l'Energie et à la section de la wilaya d'Alger, sans qu'il y ait de réponse. Signalons que, outre le Crna et Crnd, le Comena regroupe sous sa tutelle deux autres centres : Centre de recherche nucléaire de Berrine (Crnb) et le CRN de Tamanrasset. Y. D.