Synthèse de Rabah Iguer Le chef de l'Etat béninois et président en exercice de l'Union africaine, Thomas Boni Yayi, a plaidé, hier, pour une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU, en vue de la création d'une force africaine d'intervention au Mali, lors d'une conférence de presse à Paris. «Nous proposons que l'UA renforce sa position, pour que le Conseil de paix et de sécurité (de l'UA) puisse saisir le Conseil de sécurité de l'ONU», a-t-il dit, évoquant une «force» qui pourrait être africaine, sous l'égide de l'ONU. «Nous pouvons prendre l'exemple de la Somalie, où une force africaine opère, avec le soutien des Nations unies. Nous pouvons aller dans cette direction», a-t-il dit, sans plus de précision quant à la composition et au mandat de cette force. «Cette solution (militaire) doit venir après le dialogue, mais le dialogue ne doit pas trop durer», a-t-il ajouté. «On ne dessaisit pas la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, qui mène une médiation au Mali), mais aucun de nos pays ne sera épargné si les islamistes gagnent du terrain», a affirmé le président de l'UA. «Tous les pays du champ (concernés par la menace terroriste au Sahel) ne sont pas membres de la Cédéao. Il y a l'Algérie, la Mauritanie, mais aussi la Libye, qui doivent être associés aux décisions. Cela relève de la compétence de l'Union africaine», a-t-il expliqué. «Nous ne voulons pas d'un Afghanistan ouest-africain. La question de la stabilité n'est pas négociable pour nous», a-t-il martelé. Le Mali est coupé en deux depuis deux mois, à la suite d'un coup d'Etat militaire qui a renversé le régime du président Amadou Toumani Touré, le 22 mars. Toute la partie nord du pays est sous le contrôle de rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla) et de groupes islamistes. Les islamistes d'Ansar Eddine, alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et le Mnla ont annoncé, ce week-end, la fusion de leurs mouvements, avant de revenir sur cette annonce, évoquant des désaccords de fond sur l'application de la loi islamique. «On ne peut pas décider de dire qu'on va transformer le Mali, pays démocratique et laïc par sa tradition, en une république islamique. Avec les dernières informations que nous recevons, j'ai du mal à faire la distinction entre Mnla, Ansar Eddine et Aqmi», a relevé le président béninois. «Le péril terroriste relève de la communauté internationale. J'ai eu l'occasion d'attirer l'attention de mon ami François Hollande sur cette question, dans une région où il y a six otages français», a-t-il dit, au lendemain d'un entretien avec le nouveau président français, à l'Elysée. Interrogé sur la date à laquelle le Conseil de sécurité pourrait être saisi, Thomas Boni Yayi est resté très prudent. «Nous sommes en train de dialoguer. Il y a des concertations pour obtenir l'accord des pays du champ. La question se pose aussi du côté des pays membres permanents du Conseil de sécurité. C'est pourquoi je suis venu voir François Hollande», a-t-il dit, expliquant avoir demandé à ce dernier de «convaincre les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité». Interrogé sur une éventuelle intervention militaire française au Mali, François Hollande avait répondu, mardi dernier, que la France n'envisagerait une participation que «dans le cadre d'une décision du Conseil de sécurité».