Photo : Riad Par Ziad Abdelhadi Des liens nouveaux se tissent entre les acteurs de la filière céréalière. Ils ont pour initiateur le conseil interprofessionnel des céréales (CIC). C'est en tout cas ce qu'a fait savoir en substance le président de cet organe consultatif national, qui fait partie de l'organisation statutaire de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), dont le directeur a annoncé la suspension de l'importation de blé dur et d'orge en 2012. «Nous avons une production nécessaire, qui va couvrir nos besoins jusqu'au delà de 2012. Donc, nous ne serons pas présents sur le marché international du blé dur et d'orge jusqu'à la fin de 2012. Par contre nous continuerons à importer le blé tendre», a en effet indiqué M. Kehal, en marge de la réunion du CIC, tenue sous le thème : «La remontée de filière pour meilleure sécurité alimentaire». Et ce, après avoir rappelé que la surface emblavée en céréales a atteint les 3 300 000 hectares, ce qui représente «70 % de la surface agricole utile du pays». Il a aussi informé que «la récolte attendue cette année va se situer entre 56 et 58 millions de quintaux, soit le second record après celui de 2009 où il a été enregistré une récolte de 62 millions de quintaux». Non sans informer au passage que «la valeur de la récolte de cette année est estimée à 2 milliards de dollars». M. Kehal a, enfin, jugé utile d'énoncer quelques indices sur la production céréalière en Algérie depuis l'indépendance. Selon ce responsable de 1962 à 1980, le rendement moyen était de 8 qx/ha, en 2000 il est passé à 12 qx/ha et en 2011 le rendement moyen a été de 17 à 18 qx/ha. «Un saut quantitatif en terme de rendement moyen à l'hectare ce qui démontre qu'au sein des 1,5 millions de céréaliculteurs, nombreux sont ceux qui ne cessent d'améliorer leur production en appliquant à la lettre les itinéraires techniques». En témoigne le rendement record de cette année, enregistré dans une exploitation près de Guelma, de l'ordre de 80 qx/ha de blé tendre. Et d'autres exemples dans d'autres régions avec des pics de 60 et 50 qx/ha.Des résultats encourageants mais qui, selon M. Bachtarzi Khaled Yacine céréaliculteur à Guelma, que nous avons rencontré en marge de la journée du CIC, «restent seulement des niches de performances à atteindre en matière de production, ce qui est tout à fait regrettable dans la mesure où il suffirait d'un peu plus d'application des itinéraires techniques pour voir le nombre de céréaliers performants augmenter sensiblement et rapidement». Par ailleurs, le président du CIC, Med Laïd Benamor, a tenu à rappeler dans son intervention que «même si le niveau des productions a progressé de façon significative ces quatre dernières années, l'impératif de la réduction de notre dépendance vis-à-vis de l'extérieur exige de poursuivre les efforts entrepris en matière d'organisation et de dynamisation de la filière». Pour ce faire «il sera nécessaire d'adapter une nouvelle approche dans la production céréalière en Algérie», a jugé Benamor. Et d'arguer dans ce sens que «les contraintes de production peuvent être levées par une plus grande implication de la recherche agronomique. Ce faisant elle peut en effet réduire notre retard en terme de rendement à l'hectare». Il a enfin avancé que l'objectif d'atteindre en 2020 les 30 qx/h de blé dur et 30qx/h de blé tendre, comme moyenne de rendement national, est tout à fait réalisable. Mais à la condition «que tous les acteurs de la filière s'impliquent davantage, d'autant plus que les pouvoirs publics vont continuer à encourager la production par l'entremise de mesures de soutien». Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a, pour sa part, salué l'initiative du CIC. Il a également estimé la décision prise par ce dernier de se prendre en charge entièrement comme «une preuve que dans cette filière on est prêt à relever le défi». Réda Hamiani a, pour sa part, mis l'accent sur le danger «de la spirale d'importation» qui, pour ce dernier, est tout à fait inquiétante.» Il se dit en effet étonné de savoir que le secteur de l'agriculture représente 6 à 7% du PIB « mais on continue d'importer en grandes quantités des produits de consommation».