Le commandant Lakhdar Bouregaâ a été honoré hier par l'association Machaâl Echahid, qui ouvre une série d'hommages à l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance du pays. Après Omar Boudaoud, l'association, présidée par M. Abbad, a invité l'ancien commandant de la wilaya V pour une lecture de son livre intitulé Témoin de l'assassinat de la Révolution . Ecrit et publié dans les années 90, «la valeur du livre reste toujours vivante», estime Sadek Bekhouche, qui a tramé les témoignages de Bouregaâ pour rédiger le livre en question. Dans son intervention, en présence de quelques-uns de ses amis de la révolution, M. Lakhdar Bouregaâ a d'emblée défendu la nécessité de s'intéresser à l'histoire du pays. «Si certains estiment que parler de la révolution est une chose révolue, ce n'est pas mon cas». Il fera, par la suite, un voyage dans la révolution, en évoquant l'organisation ainsi que quelques étapes qu'il jugea déterminantes sur l'issue finale de la révolution. M. Bouregaâ dira, à ce propos, que le «système qui organisait l'armée de libération nationale était compliqué. Mais cette complexité a été un facteur de force». L'ancien commandant de la wilaya V, aujourd'hui âgé de 79 ans, a soutenu que «le point fort de la révolution, c'était la discipline» des Algériens engagés dans la révolution. Sur l'évolution de la révolution, M. Bouregaâ témoigne qu'elle a traversé trois étapes importantes. La première va du déclenchement jusqu'au Congrès de la Soummam. Cette période fut difficile, raconte le natif de Berrouaghia. Parce que, expliquera-t-il, «la révolution manquait de projets et de coordination». La deuxième période va du Congrès de la Soummam à 1958. A ce sujet, dira le témoin, la Déclaration de la Soummam a permis de combler le vide dans lequel tournait la révolution. «Après le Congrès de la Soummam, on commençait à croire et à sentir l'indépendance. Le document, c'était de l'oxygène pour nous». La troisième étape, entre 1959 et 1962, est celle «de la guerre d'Algérie», qui marque la fin «des événements d'Alger», comme se plaisaient les autorités françaises à qualifier la guerre de libération. En marge de cette cérémonie, M. Lakhdar Bouregaâ a indiqué que «le problème des faux moudjahidine a commencé en juillet 62 suite à la crise entre les wilayas sur la prise du pouvoir». Exhortant les jeunes présents à lutter pour une vie meilleure et digne, Lakhdar Bouregaâ réitérera ce qu'il a dit récemment sur la pratique politique dans le pays. «En Algérie, il y a deux partis bien organisés. Le premier est celui de l'administration. Le second est le parti de la corruption», a-t-il déclaré. A. Y.