A Annaba, la protestation repart de plus belle, en cette période estivale censée être celle des congés et des vacances en bord de mer, et a même gagné des agglomérations voisines dépendant de la wilaya. L'éternel problème d'attribution de logements sociaux étant le moteur de ces protestas, chaque jour ou presque, l'on assiste à des rassemblements, à des sit-in devant les sièges des institutions officielles (Daïras et wilaya) ou à des actions de citoyens qui s'organisent pour bloquer les routes et voies d'accès. Ainsi, avant-hier, vers 16 heures, l'axe routier Annaba - Souk-Ahras - Guelma et Tébessa a été par deux fois fermé à la circulation par des protestataires, au niveau des localités d'El Bouni et de Bouzâaroura. Jeunes chômeurs, pères de famille et autres badauds avaient bloqué la route avec différents objets hétéroclites (troncs d'arbres, barres de fer et blocs erratiques). Les automobilistes empruntant cette voie avaient dû rebrousser chemin pour aller faire un grand détour de plusieurs kilomètres afin de rejoindre leurs destinations. Les services de sécurité, qui avaient pris les devants en détournant la circulation vers d'autres axes, sont intervenus plus tard pour rétablir la situation et tout rentra dans l'ordre, dans la soirée. Vers 21 heures, c'est du côté de Bouzâaroura que des citoyens se sont rassemblés pour, encore une fois, bloquer la même route et exiger que des logements leur soient attribués dans les meilleurs délais. Là aussi, la police est intervenue pour rétablir la circulation. Hier matin, vers 9 heures, c'est au centre-ville, au rond-point du Centre de santé, à quelques mètres du siège de la wilaya, que les habitants du quartier populaire d'El M'Hafer ont choisi d'observer un sit-in, bloquant ainsi la circulation très dense à cette heure de la journée. Les forces de la police d'intervention, déployées tout autour, observaient la situation et attendaient les ordres. Des officiers sont allés vers les manifestants et ont entrepris des négociations, ne faisant pas cas des insultes que certains, parmi les protestataires, leur adressaient. Quelques minutes plus tard, plusieurs manifestants ont décidé d'évacuer le rond-point mais il restait encore quelques irréductibles qui voulaient continuer à occuper les lieux. Les policiers sont intervenus manu militari pour faire évacuer par la force le rond-point. Il n'y a pas vraiment eu de heurts et les policiers ont bien géré la situation et, vers 10h30, la circulation a repris normalement. Les citoyens protestataires se disaient oubliés de l'administration, parce qu'à ce jour ils n'ont pas bénéficié de logements alors qu'ils habitent dans des logements précaires, en plein centre- ville. Il faut dire que le quartier El M' hafer est une vraie plaie ouverte, un bidonville dans la ville, d'un côté, la double voie de Val Mascort avec ses belles villas et ses concessionnaires automobiles, de l'autre, la route de Seraïdi avec ses bâtiments flambants neufs et, au beau milieu, sur la droite, en allant vers la mer, le bidonville en question. L'administration a, à maintes reprises, relogé les familles y habitant mais, chaque fois, de nouveaux arrivants occupent les lieux pendant un certain temps pour exiger plus tard d'être à leur tour relogés. Une histoire sans fin, dans la mesure où aucune mesure de démolition n'a été prise pour éradiquer ce bidonville qui renaît, chaque fois, de ses cendres. La manipulation des populations par certains politiques véreux est fréquente et l'on assiste parfois à des émeutes. La solution radicale serait que l'on reloge tous les habitants une fois pour toutes et qu'on rase définitivement ces habitations précaires. A ce jour, le problème reste toujours posé.