Photo : Riad Par Younès Djama La campagne nationale de boycott des viandes, initiée à la veille du mois de Ramadhan (du 10 au 16 juillet) par la Fédération algérienne des consommateurs (FAC), n'a pas atteint l'objectif qu'elle s'est fixé. Alors qu'elle avait misé sur 60%, le taux de suivi n'a été que de 30%. Cette action si louable soit-elle n'a donc eu aucun effet sur les prix. Les initiateurs de la campagne, tout en regrettant l'absence de «coopération» des ministères de l'Agriculture et du Commerce, vont plus loin et dénoncent «des tentatives pour casser cette campagne jugée incivique par la plupart des détaillants et des grossistes». Selon le président de la FAC, Zaki Hariz, «le boycott a contribué au maintien du prix des viandes rouge et blanche». «Il a même épargné les ménages de 10% de hausse», s'est-il réjoui. Et d'ajouter : «Nous ne comptons pas baisser les bras, nous allons lancer les prochaines campagnes de sensibilisation sur la culture de la consommation à travers Facebook». Le secrétaire général de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), Salah Souilah, avait estimé que l'appel au boycott des viandes ne constituait pas une solution face à la hausse des prix, appelant à l'adoption d'autres alternatives telle la levée des taxes fiscales. Pour rappel, la FAC a soumis une série de revendications au ministère de l'Agriculture en vue d'organiser la vente des viandes dont l'augmentation de la production à 1 million de tonnes. Les autorités publiques ont récemment importé 10 000 tonnes de viande surgelée et permis l'importation de la viande d'agneau parallèlement à la composition d'un stock en viande blanche (10 000 tonnes) dans le cadre du système de régulation des produits agricoles. La Fédération a également organisé une campagne électronique ayant touché près de 685 000 consommateurs où elle a dispensé des conseils et recommandations liées à la rationalisation des achats durant le mois de Ramadhan. Les initiateurs de cette campagne, refusant de s'avouer vaincus, ont, à l'unanimité, insisté sur l'implication du consommateur pour dénoncer toute activité frauduleuse portant atteinte à sa santé et à son pouvoir d'achat. «L'Etat n'est pas le seul responsable dans la protection du consommateur. Ce dernier doit se protéger lui-même, en adoptant le comportement le plus approprié à ses capacités financières», a indiqué M. Hariz. La Fédération a, à cet effet, adressé une lettre au ministère de l'Agriculture, dans laquelle elle fait part de propositions pour organiser la filière viande. Parmi ces propositions, le développement du niveau de production nationale de la viande et ce, pour répondre aux besoins nationaux estimés à un million de tonnes par an alors que l'Algérie n'en importe que 70 000 tonnes, soit un déficit en matière d'approvisionnement estimé à 40%. La FAC plaide également pour la régulation du marché et la stabilité des prix. «Avec un Smig fixé à 18 000 DA, il est impossible pour les ménages d'acquérir la viande à 1 200 DA le kilo !», a regretté le président de la FAC. Outre l'absence de coopération des pouvoirs publics, le président de la FAC a accusé l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (Arpt) et la Télévision nationale (Entv) d'avoir sabordé la campagne de boycott des viandes. «La Fédération voulait envoyer des SMS de sensibilisation pour inciter les citoyens à boycotter les viandes, mais l'Arpt a refusé». «Si nous avions pu atteindre les citoyens grâce à leur téléphone mobile, les résultats de la campagne auraient été plus importants», regrette M. Hariz.La Télévision nationale est également pointée du doigt. «Nous regrettons vraiment le fait que la Télévision nationale ait refusé de participer à cette campagne d'utilité publique arguant le fait que nous sommes en train de mener une campagne politique», déplore-t-il. «Quelle campagne politique sommes-nous en train de faire si ce n'est la sensibilisation et la protection des droits des consommateurs?». «Mises à part les radios locales et Radio El Bahdja, les autres radios n'ont pas joué le jeu», précise-t-il.