Un événement heureux s'est transformé en drame à Béchar. «Deux jumeaux de 19 mois, atteints d'hémophilie, un trouble de la coagulation congénital qui affecte quasi-exclusivement les garçons sont morts récemment, suite à une circoncision», a-t-on appris auprès de l'association nationale des hémophiles Algériens.Cet accident illustre à nouveau les dangers liés à cet acte chirurgical, lorsqu'il est effectué sans conditions sanitaires adéquates. Les deux jumeaux, Nasreddine et Azzeddine Radjaa sont originaires de Oued Namous, situé à Beni Aouis, dans la wilaya de Béchar. Le premier des garçons est décédé le jour même à l'Etablissement public de santé de proximité (Epsp) de Beni Aouis, alors que le deuxième est mort, deux jours après, suite à plusieurs épisodes hémorragiques non traités. Il avait été évacué à l'Epsp de Béchar où il a rendu l'âme. Le drame a plongé en émoi la population de Béchar. Il relance le débat sur les circoncisions non contrôlées qui représentent un véritable danger pour les hémophiles en l'absence, notamment, de bilans préopératoires. La présidente de l'association des hémophiles, Latifa Lamhène, met en garde contre le risque des complications hémorragiques lors des circoncissions des enfants hémophiles. Selon une étude réalisée en 2006, 7% des décès d'hémophiles sont dus à des circoncisions non contrôlées. Elle appelle les parents à la nécessité de procéder à des analyses médicales avant la circoncision afin de s'assurer que leurs enfants ne souffrent pas de problèmes empêchant la coagulation du sang. L'acte de circoncision n'est pas anodin. C'est un geste chirurgical sérieux qui peut laisser des lésions indélébiles. Depuis, le drame des enfants mutilés d'El-Khroub ( Constantine), survenu en 2005, le ministère de la Santé, a interdit l'utilisation du bistouri électrique. La circoncision ne peut être pratiquée que par un chirurgien dans une structure sanitaire publique ou privée réunissant toutes les conditions de sécurité pour la réussite de cet acte chirurgical. Ainsi, l'acte de circoncision, à titre individuel ou dans le cadre d'une campagne collective, est soumis aux dispositions réglementaires en vigueur notamment l'instruction numéro 006 datée du 05 juin 2006, relative à la prise en charge des circoncisions. Mais malgré cette instruction ministérielle, les circoncisons de masse continuent de faire parler d'elles. De nombreuses associations caritatives profitent du mois de Ramadhan et notamment de Leïlat El Qadr (nuit du destin) pour organiser des cérémonies de circoncisions collectives, notamment au profit des enfants issus de familles démunies. Souvent, ces interventions sont réalisées dans la précipitation par un personnel peu qualifié et dans des conditions précaires. A. B.