Il est de tradition dans les pays du Maghreb de circoncire les petits garçons la nuit du 27ème jour du Ramadhan. La nuit du destin est choisie par de nombreux parents pour faire passer cette étape importante à leur enfant, cet acte chirurgical étant perçu, chez nous, comme un acte religieux, beaucoup préfèrent accomplir durant cette période. Si le reste de l'année les infrastructures hospitalières ne sont pas beaucoup sollicitées dans ce sens, c'est le rush durant la dernière semaine du Ramadhan pour que l'enfant soit en voie de rétablissement pour le grand soir. Seulement, l'opération n'est pas toujours accomplie avec soin par les médecins. Elle peut se révéler hautement à risque et les exemples de circoncisions qui ont tourné au drame sont nombreux. Certains perçoivent celle-ci comme un acte bénin qui ne nécessite pas forcément la plus grande attention, parfois à tort. La vie de l'enfant circoncis dépend d'un geste au bistouri, que celui-ci soit mal appréhendé et la tragédie s'abat sur lui et sur sa famille. Que de mains inexpertes et des outils non stérilisés après les usages successifs ont transformé l'existence des petits en enfer, après les avoir mutilés. Le cas des 7 enfants mutilés, en 2005, à Khroub dans la wilaya de Constantine, est toujours dans les mémoires. Des gamins ont vu leur vie brisée par la faute de médecins qui n'ont pas entouré l'intervention de tous les soins nécessaires, ou qui ne maîtrisaient pas cet acte chirurgical. Un acte qui peut même aboutir au décès d'un enfant par hémorragie, notamment lorsqu'il s'agit d'hémophiles dont les praticiens ignorent la maladie pour ne pas avoir pris la peine d'effectuer un bilan sanguin. L'inquiétude est d'autant plus grande alors que cette pratique a dépassé depuis quelques années le cadre familial pour s'étendre aux associations de bienfaisance, aux APC et même à certains bienfaiteurs qui prennent en charge tous les frais engendrés par cette opération pour des petits garçons issus de milieux défavorisés. L'action en elle-même est louable, c'est la manière de manier l'instrument de chirurgie qui fait peur aux familles. Il est vrai que le drame des enfants de Khroub interpelle forcément la conscience des médecins, mais cela n'empêche pas que certains d'entre eux continuent de pratiquer la mutilation à la place de la circoncision. L'année dernière, à Oran, une quinzaine d'enfants ont subi les effets dévastateurs d'un acte mal accompli. Pourtant, les autorités sanitaires n'arrêtent pas de faire des recommandations dans le sens de préserver l'intégrité et la santé des enfants circoncis. La dernière en date remonte au début du mois en cours. Il y est dit encore une fois que «l'acte de circoncision ne peut être pratiqué que par un chirurgien dans une structure sanitaire publique ou privée réunissant toutes les conditions de sécurité pour la réussite de cet acte chirurgical». R. M.