Les accidents domestiques sont responsables chaque année de centaines de victimes, notamment parmi les enfants et les personnes âgées. La maison devient le lieu de tous les dangers. Chutes, brûlures, étouffement, intoxications par produits chimiques, électrocution, empoisonnement ou asphyxie par monoxyde de carbone peuvent être fatals. Pourtant, beaucoup de ces accidents pourraient être évités grâce à la prévention. Jusqu'à six ans, la chute est l'accident domestique le plus courant chez les enfants. Elle peut provoquer des lésions importantes à la tête et au cerveau. Les personnes âgées ne sont pas à l'abri de ces accidents, favorisés généralement par la perte des réflexes, de la puissance musculaire, de la vue et parfois de l'équilibre, et de l'ostéoporose qui est à l'origine d'un risque de chute accru. Les fractures du col du fémur par exemple ont des conséquences désastreuses. Le risque d'étouffement est également fortement présent chez les enfants en bas âge. Il est souvent provoqué par un corps étranger dans les voix respiratoires, tels que des billes, de petits jouets, des pièces de monnaie, des bonbons, des aliments (olives, cacahuètes…), des capuchons de stylos etc. Autres sources de danger, les produits ménagers et les médicaments qui peuvent être très dangereux et toxiques. Souvent le manque de vigilance des parents est à l'origine d'accidents domestiques graves pouvant entraîner la mort. Dans tous les cas, une intervention rapide s'impose. C'est ce qui est loin d'être le cas en Algérie, où le problème de prise en charge spécifique à ce genre de situation se pose avec acuité. Pourtant, les accidents domestiques sont devenus chez nous un véritable problème de santé publique. Chaque année, plus d'un million d'enfants, âgés entre 0 et 5 ans, en sont victimes à travers le pays. A titre d'exemple, à Oran, des statistiques récentes révélées par le service prévention de la direction de la santé et de la population font état de près de 6 000 cas d'accidents domestiques enregistrés durant le premier semestre 2012. «Ces accidents qui touchent les enfants de moins de 15 ans se produisent à l'intérieur de la maison notamment dans la cuisine, ou dans le balcon durant les vacances scolaires et la période estivale», explique cette source. Ainsi, ajoute t-on, «les plaies sous diverses formes viennent en tête de ces accidents, avec 2 123 cas pris en charge, suivies des chutes (1 518 cas), des brûlures de la peau (820 cas), alors que les accidents liés à l'ingestion de produits abrasifs (produits de nettoyage et autres) sont estimés à 99 cas». Les accidents causés par des corps étrangers au niveau de l'oeil sont en hausse. Le service de la prévention a compté 133 cas durant ce semestre, soit une moyenne mensuelle de 27 accidents. La prolifération de ces incidents qui peuvent être mortels est due principalement à l'évolution et la complexité de l'environnement de l'enfant et à l'exiguïté des logements, estime le chef du service de la prévention, le Dr Larbi Daharib. Mais ces statistiques ne reflètent aucunement l'ampleur du phénomène qui touche aussi les adultes et les personnes âgées. Selon le docteur Faïza Merabtene, pédiatre, «les enfants de moins de 4 ans sont les plus exposés aux accidents domestiques, enregistrés généralement dans les chambres d'enfants, la cuisine, le jardin ou dans la cour». «Les chutes, les fractures et les blessures représentent 30% des cas de traumatismes notamment chez les enfants de moins d'un an», estime t-elle. Les dangers auxquels sont exposés les enfants sont nombreux et variés, tels que les électrocutions et les brûlures. Ces dernières sont occasionnées notamment par la manipulation d'ustensiles comportant des liquides chauds, des allumettes ou de produits inflammables laissés à leur portée. Les brûlures et les électrocutions peuvent avoir des conséquences graves et laisser un handicap permanent. D'après cette spécialiste, «l'ingestion d'objets, tels que les boutons, représente 2% des cas de décès dans des accidents domestiques outre l'asphyxie au monoxyde de carbone». De centaines de cas d'ingurgitation de liquides toxiques comme les détergents et les médicaments sont enregistrés. Le Centre anti-poison de Bab El Oued a reçu 7 000 appels téléphoniques en 2011, dont 90% signalent des ingurgitations par les enfants de produits toxiques. Les spécialistes plaident pour la multiplication des campagnes de sensibilisation et l'intégration de la prévention des accidents domestiques dans la stratégie nationale globale de prévention ainsi que le renforcement des soins et de la prise en charge des victimes des accidents domestiques. A. B.