Le Tour d'Algérie cycliste, un évènement plein d'histoire et d'émotions, a longtemps illuminé la scène sportive algérienne, à commencer par l'année 1970, date de l'organisation de la première édition huit ans après l'indépendance du pays. Ce fut un véritable succès : 112 coureurs, amateurs et professionnels, représentant 16 équipes, ont pris part à la compétition qui s'est déroulée sur un parcours total de près de 2 000 km. Il y avait surtout une forte présence des Allemands et de coureurs des équipes de l'est de l'Europe. Organisatrice de l'événement, la Fédération algérienne de l'époque, qui comptait dans ses rangs plusieurs dirigeants, fervents de la «petite reine» comme le chevronné Ahmed Kebaïli, a su relever le défi en donnant de l'envergure au tour d'Algérie cycliste, dès sa première édition. En 1970 donc, on a assisté à un vrai Tour d'Algérie, long de 1 936 kilomètres et dans lequel se sont alignés 112 coureurs de différentes nationalités. Ce tour, dominé par les équipes de Pologne et de RDA, permettra au public algérien de découvrir deux champions, Abdelhamid Hamza et Tahar Zaâf, dont le père avait pris part au Tour de France. Tous les anciens se souviennent que ce dernier, lors d'une étape, avait lancé une phrase restée célèbre : «Je vais casser la baraque». Une année après, en 1971, le Tour d'Algérie comprendra 12 étapes pour un parcours de 1 956 kilomètres. Hamza sera désigné meilleur coureur algérien en finissant à la cinquième place au classement général, face à une puissante équipe soviétique. Le record des étapes reviendra vraisemblablement au Tour 1972 avec 28 étapes courues à travers toutes les régions du pays avec des passages à Batna, Biskra, Tiaret, Saïda, Laghouat, Boussaâda, Constantine et Tizi Ouzou et dont le Polonais Ryszard Szurkowski sera le grand vainqueur.
Tour d'Algérie... une longue histoire Les grands débuts du Tour d'Algérie remontent à la fin des années quarante, avec la participation de grands cyclistes révolutionnaires qui ont gravé leurs noms en lettres d'or dans l'histoire de la «petite reine» nationale. Parmi ces glorieux champions, Nour Eddine Tchambaz, Sebti Benzine, Salim Belkir, Abdelbachir Reguigui, Abdelkader Zaâf ou Ahmed Kebaïli, le vainqueur d'une étape du premier Tour d'Algérie (Tlemcen) en 1949, et qui fut le premier algérien figurant dans le classement de ce Tour remporté par le Belge Hilaire Couvreur.
Ahmed Kebaili...un cycliste révolutionnaire Considéré comme la légende vivante du Tour d'Algérie, Ahmed Kebaïli, qui a participé à cinq Tours de France et trois Tours de Suisse, a été l'un des premiers cyclistes à rejoindre le Comité révolutionnaire d'unité et d'action (Crua), qui avait déjà pour objectif l'indépendance de l'Algérie à travers la lutte armée. «J'ai participé à cinq Tours de France, de 1950 au 1954, l'année ou j'ai décidé de rejoindre le Crua, l'instance chargée de préparer la lutte armée pour une Algérie indépendante», a déclaré ami Ahmed kebaïli, dans un entretien à l'APS. «Tous les pays voulaient participer au Tour d'Algérie. J'ai eu le plaisir de participer au Tour de 1949 où il y avait 15 étapes à parcourir, et je me suis même offert le luxe de remporter l'étape de Tlemcen», a déclaré Ahmed Kebaïli.
«Les années blanches» Par la suite, les férus de cette discipline assisteront à huit éditions de ce Tour d'Algérie cycliste avec cependant de nombreuses années «blanches» en 1974, 1976, 1977, 1978, 1979, 1980, 1981, 1982 et 1983. La reprise au cours de l'année suivante verra le triomphe de Tchambaz, imité dans les Tours suivants par Benzine, Belkhir et Reguigui, quatre succès algériens d'affilée qui confirment la bonne santé du cyclisme national. La boucle de 1988 sera enlevée par un coureur étranger, Rein. Puis, s'ensuivra le long «sommeil» dû à la situation du pays de cette époque. Douze ans durant (1989-2000), les villages, villes, communes et wilayas que parcouraient les concurrents issus de différents pays, étaient orphelins du spectacle et de la rivalité sportive que cette discipline procurait, au grand bonheur des adeptes de ce sport et des curieux en général.
Le début d'une résurrection Après cette longue absence, c'est enfin la renaissance de cette grande épreuve en 2011, dont l'édition assez réduite a été remportée par Azzedine Laagab, alors que celle de 2012 a vu la consécration de l'Erythréen, Berhane Natnael. Les responsables de cette discipline avaient décidé de relancer cet évènement après avoir gagné la bataille juridique avec l'Union cycliste internationale (UCI), déclarait notamment le président de la Fédération algérienne du cyclisme, Rachid Fezouine. Un retour incarné par cette première édition 2011 qui s'était déroulée du 27 juin au 2 juillet 2011, avec un parcours total de 624 km et la participation de 55 cyclistes issus de sept pays. Cette édition s'était avérée une réussite même si le circuit tracé s'est arrêté aux seules wilayas de l'Ouest (les coureurs engagés ont pris le départ d'Alger vers Aïn Defla, avant de passer par Chlef, Tiaret, Tissemsilt, Khemis Miliana, Chréa, Blida). Un parcours qui n'a pas connu trop de changements en 2012, si ce n'est la présence de 15 nations dont deux équipes professionnelles danoise et allemande, ce qui laisse présager une résurrection totale de cette épreuve populaire qui donnait, jadis, aux villes et villages d'Algérie un air de fête perpétuelle. S. S./ APS