Ahmed Kebaïli, Abbes et les frères Zaâf étaient au cyclisme, ce qu'étaient Rachid Mekhloufi, Hamid Zouba et tous les autres joueurs de la prestigieuse équipe du FLN au football, avant et après le déclenchement de la Révolution. Ces sportifs, comme tant d'autres encore, n'avaient qu'une seule ambition : s'affirmer dans les compétitions sportives pour mieux affirmer leur appartenance à une Algérie qui luttait pour recouvrer sa liberté. Cycliste de talent, véritable «mangeur de kilomètres», Ahmed Kebaïli, 86 ans aujourd'hui, reste une légende sportive vivante dans l'histoire du mouvement national. L'enfant d'El Affroun, qui a participé 5 fois au Tour de France, qui a côtoyé des célébrités du vélo, tels que l'Italien Bartali, le grimpeur français Bobet, les Querci, Molines, ou le Suisse Kubler, vainqueur du Tour de France de 1950, reste une figure sportive emblématique. Ahmed Kebaïli a participé aussi 6 fois au Tour du Maroc. Dès le déclenchement de la Révolution, il épouse la cause nationale qu'il sert, comme il a servi le cyclisme. Il est arrêté le 11 juillet 1955 et passe 5 longues années dans les geôles du colonisateur. Gentleman à l'allure sportive malgré le poids des ans, Kebaïli se fait surtout remarquer par son air courtois et sa disponibilité à tout moment. Joint par téléphone à partir d'Oran, où il assistait à la deuxième édition du Tour d'Algérie, il nous a déclaré avec beaucoup de regrets que «six étapes, ce n'est plus à un Tour d'Algérie auquel l'on assiste, mais plutôt à un tour de wilaya». Et d'ajouter : «Ceux qui ont mis sur pied cette manifestation auraient pu programmer au moins une dizaine d'étapes.» Grand sportif et fair-play comme il l'a toujours été, ammi Ahmed souhaite que les organisateurs se rattraperont l'année prochaine pour organiser un vrai Tour. Quant au niveau technique des coureurs présents à cette édition, l'ancien grimpeur des cols de l'Hexagone nous confiera qu'il est en-dessous des attentes des amoureux de «la petite reine». « Ce sont des coureurs de deuxième catégorie. C'est en organisant régulièrement des compétitions et en se frottant aux meilleurs cyclistes que l'on pourra redonner au cyclisme algérien son lustre d'antan.» Pour conclure, l'ancien coéquipier de Ahmed Chibane lance un appel aux pouvoirs publics pour une réelle politique de prise en charge, matériel surtout, des différentes écoles de cyclisme à travers lew pays.